(Moscou) L’inflation, qui flambe en Russie depuis des mois, s’est envolée à 16,7 % en mars sur un an, selon les données de l’agence de statistiques Rosstat publiées vendredi, un niveau jamais vu depuis début 2015.

C’est plus du quadruple de l’objectif de 4 % affiché par la Banque centrale russe. Il s’agit du premier mois ayant vu les répercussions sur les prix des sanctions occidentales liées à l’Ukraine, qui risquent de s’aggraver encore.

Les analystes de Renaissance capital prévoient qu’un pic de 24 % sera atteint cet été avant un reflux.  

L’inflation des produits alimentaires a ainsi progressé de 19,5 %. Parmi les prix ayant le plus progressé sur un an, l’on trouve les pâtes (+25 %), le beurre (+22 %), le sucre (+70 %), les fruits et légumes (+35 %), les matériaux de construction (+32 %) et l’électronique domestique (+40 %).

Par rapport au mois de février de cette année, la hausse des prix s’est même accélérée de 7,6 % d’un mois sur l’autre.

Selon les analystes de Capital Economics, il s’agit d’un record d’inflation mensuelle depuis les années 1990.

L’inflation, galopante depuis des mois, est liée à la reprise post-pandémie et à la flambée des prix des matières premières, auxquelles s’ajoutent désormais les sanctions et leur lot de perturbations de la logistique.  

La hausse de prix mine le pouvoir d’achat des Russes, qui ont peu d’épargne, et s’avère un casse-tête pour les autorités, qui ont tenté des mesures de contrôle des prix qui ont eu l’effet inverse, notamment dans le cas du sucre.  

Sur un marché de Saint-Pétersbourg cette semaine, les acheteurs accusaient le coup.

« Apparemment, cela s’est passé à cause de la politique […], et c’est à cause de ça que les prix ont grimpé », a déclaré ainsi à l’AFP Olessia Oguieva, employée d’usine, 42 ans.

« Nous ne préparions pas à cela et nous n’y étions pas prêts. Les prix ont grimpé et les salaires n’augmentent pas », se plaint Léonide Kabaline, 40 ans.

« Si nos hautes autorités et notre président pensent qu’il faut augmenter [les prix], je suis d’accord. Et qu’est-ce que je peux faire d’autre ? », dit Julia Riabinina, retraitée, 58 ans.