(Québec) La promesse du gouvernement Legault d’investir autant en transport collectif que dans les routes a manqué de gaz. Même si le quatrième budget Girard prévoit des investissements « records » dans les transports en commun, il en promet encore deux fois plus dans le bitume.

Le nouveau Plan québécois des infrastructures (PQI) 2022-2032 annonce 30,7 milliards pour le réseau routier, contre 13,4 milliards pour les transports en commun.

Loin d’atteindre la moitié, les investissements en transport collectif représentent donc 30,4 % des dépenses dans les transports, contre 31 % dans le PQI 2021 et 34 % dans le PQI 2020.

Le gouvernement se défend d’avoir manqué à ses engagements. Selon la présidente du Conseil du trésor, Québec tient sa promesse si on prend en compte les projets de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) comme le Réseau express métropolitain (REM), des investissements à venir mais qui ne sont pas encore en chantier, ou encore les élargissements d’autoroute pour installer des voies réservées.

Selon cette méthode de calcul, les investissements sont équivalents. « Je pense qu’on est dans une proportion qui se justifie compte tenu de la géographie du Québec », explique Sonia LeBel.

« Je viens d’une région où ce n’est pas du transport collectif, c’est une région rurale où il faut continuer à entretenir le réseau routier. C’est vital pour nos régions », a ajouté la présidente du Conseil du trésor, qui vient de la Mauricie.

La députée solidaire Ruba Ghazal n’a pas été convaincue par cette méthode de calcul. Elle a dénoncé un budget qui prévoit « plus de routes, plus d’autoroutes, des élargissements… »

« Pour les routes, il n’y a pas de limites », dit-elle.

Le legs des années 1960

Les dépenses sur les routes québécoises vont en grande partie à leur entretien. Sur les 30,7 milliards engloutis dans l’asphalte, 23,5 milliards (76 %) serviront au « maintien d’actifs ».

« Une portion importante du parc a été construite au cours des années 1960 et 1970. Ainsi, leur durée de vie utile est souvent atteinte et des investissements importants deviennent nécessaires », peut-on lire dans le PQI.

Pour le transport collectif, la proportion est inversée : 81 % des investissements iront dans la bonification du réseau.

À noter que le futur tunnel Québec-Lévis n’est toujours pas chiffré et inscrit « en réalisation » dans le PQI.

« Le fameux tunnel Québec-Lévis est encore en planification. Alors c’est clair que le ministre [Éric] Caire, qui avait promis de mettre son siège en jeu, devra prendre une décision à cet effet », a ironisé le député libéral Pierre Arcand.

Le chef du Parti conservateur du Québec a renchéri. « Il n’y a rien [dans le budget] pour le troisième lien. C’est une autre promesse brisée de la CAQ », estime Éric Duhaime.