Six écoles sur dix sont jugées en mauvais état au Québec et la situation est telle que malgré ce qu’il avait prévu, le gouvernement ne réussira pas à redresser la barre cette année.

Le ministère de l’Éducation du Québec prévoyait qu’au cours de la prochaine année, les investissements auraient pour effet d’augmenter à 50 % la proportion d’écoles jugées en bon état. Or, cet objectif « sera difficilement réalisable », lit-on dans le Plan québécois des infrastructures 2022-2023.

L’état des écoles de la province s’est plutôt détérioré : il y avait l’an dernier 56 % des bâtiments scolaires jugés en mauvais ou en très mauvais état ; cette proportion est passée à 59 %.

Le gouvernement fait le constat que « malgré les investissements importants réalisés au cours des dernières années, l’amélioration de l’état du parc immobilier scolaire prendra encore du temps ».

En conséquence, le ministère entend prioriser les travaux « visant à corriger les problèmes de qualité de l’air et de moisissures dans les écoles », mais aussi les composantes « critiques » arrivées en fin de vie utile, par exemple les fenêtres et les systèmes de ventilation et de chauffage.

Ces travaux devront s’effectuer dans un marché de la construction en surchauffe. La Presse rapportait samedi dernier que le coût de certains travaux d’agrandissement d’écoles a augmenté de 100 % par rapport aux projections de Québec. Le budget 2022-2023 prévoit 267 millions de dollars pour améliorer le parc immobilier scolaire.

Combien ?

Pour améliorer le parc immobilier scolaire

267 millions dans le présent budget

Le gouvernement entend néanmoins poursuivre le développement de ses maternelles 4 ans : d’ici 2025-2026, on prévoit qu’il faudra 2600 nouvelles classes seulement pour ces élèves.

Hausse du taux de diplomation : Québec garde le cap

Le gouvernement poursuit son « objectif ambitieux » que 90 % des jeunes obtiennent un diplôme ou une qualification d’ici 2030, soit 8 points de pourcentage de plus qu’actuellement. En conséquence, près de la moitié des investissements en éducation et en enseignement supérieur prévus au budget déposé mardi visent à soutenir la réussite scolaire.

Sur 2,8 milliards prévus en éducation et en enseignement supérieur d’ici cinq ans, 1,6 million de dollars seront consacrés à améliorer la réussite des élèves et étudiants.

Lancée en 2021 dans le contexte de la pandémie, la mesure de tutorat pour les élèves en difficulté est reconduite. Le gouvernement y consacre 55 millions en 2022-2023, puis 65 millions les années subséquentes, pour un total de 315 millions d’ici cinq ans.

Dès l’an prochain, le gouvernement injectera 34 millions pour « favoriser la réussite de tous les élèves », notamment en soutenant l’intégration des élèves issus de l’immigration et en favorisant la réussite scolaire des élèves autochtones.

Combien ?

Pour la reconduite d'une mesure de tutorat destinés aux élèves en difficulté

55 millions en 2022-2023

315 millions au total d'ici cinq ans

De l’aide pour recruter des profs

Face à la pénurie d’enseignants, Québec a encouragé les retraités à revenir prêter main-forte dans les écoles. Pour l’année scolaire en cours, ils ont été 1200 à répondre à l’appel et le gouvernement prolonge les mesures financières incitatives destinées à ces enseignants retraités pour les garder en poste. Une somme de 38 millions y sera consacrée au cours des trois prochaines années scolaires.

Les directions d’école ont souvent fait état de leur difficulté à trouver du personnel, et le gouvernement entend les aider à ce chapitre. L’allocation versée aux enseignants qui agissent à titre de maîtres de stage auprès des étudiants sera bonifiée et les écoles auront dès l’an prochain 16,7 millions de dollars pour « s’adjoindre des ressources additionnelles spécialisées en recrutement ».

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) s’est réjouie que les mesures mises en place lors de la pandémie pour venir en aide aux élèves en difficulté n’aient pas été révoquées, mais son président Éric Gingras a observé qu’« avec des budgets qui vont augmenter de 5,4 à 3 % dans les prochaines années, on ne peut pas dire que l’éducation est une réelle priorité ».

Études postsecondaires : de l’aide financière pour les étudiants

Les dépenses en enseignement supérieur augmentent de 13 %. Alors même que les étudiants descendent dans la rue pour demander la gratuité scolaire, le gouvernement adopte des mesures de 342 millions sur cinq ans qui auront un effet sur l’endettement des étudiants.

Québec rehaussera notamment le seuil à partir duquel le revenu des parents ou du conjoint aux études est considéré et comme l’an dernier, annonce qu’il prend en charge les intérêts étudiants du 1er avril 2022 au 31 mars 2023. Au total, c’est 380 000 personnes qui devraient être touchées par l’élimination du remboursement de 72 millions de dollars d’intérêts.

En marge du dépôt du budget, le ministre des Finances, Eric Girard, a expliqué que la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, donnera bientôt davantage de détails sur la hausse des droits de scolarité.

« Je peux vous dire que ça ne sera pas des indexations hors de l’ordinaire », a assuré M. Girard.

Une aide pour accéder aux programmes sports-études

Les jeunes ont été particulièrement affectés par l’arrêt des sports organisés à l’école en pandémie. Parce qu’il constate que « les contraintes financières constituent un frein » à l’inscription à des programmes particuliers axés sur les sports, le budget déposé mardi prévoit 105 millions en cinq ans pour améliorer l’accès. Les détails, dit Québec, seront dévoilés plus tard.