L’escalade incessante du prix de l’essence pousse de nombreux Canadiens à songer plus sérieusement que jamais à s’acheter un véhicule électrique.

Le prix moyen de l’essence atteignait 1,70 $ le litre au Canada, selon l’Association canadienne des automobilistes. Il s’agit d’une hausse de 0,38 $ par rapport à il y a 12 mois. Dans certaines régions du pays, le prix a dépassé les 2 $ le litre.

Un récent sondage KPMG indiquait que 61 % des répondants disaient que le prix de l’essence pourrait les convaincre de se convertir aux véhicules électriques. 51 % des répondants affirmaient qu’ils n’achèteraient plus jamais un véhicule à essence.

Toutefois, 6 % des répondants disent avoir commandé le mois dernier un véhicule électrique.

Selon Joanna Kyriazus, du programme Clean Energy Canada à l’Université Simon-Fraser, les propriétaires de véhicules électriques peuvent protéger leur portefeuille des fluctuations du prix de l’essence influencée par des évènements géopolitiques comme l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

« Posséder un véhicule électrique signifie que l’on n’a pas plus à s’inquiéter du prix indiqué sur les pompes à essence », dit-elle. Charger la batterie d’un Chevy Bolt, dont l’autonomie est de 413 km, ne coûterait que de 5 $ à 13 $ à la maison, suivant la province où on habite.

Toutefois, les prix des véhicules électriques oscillant de 32 000 $ à 160 000 $ ont toujours un effet dissuasif sur les consommateurs. Il faut y ajouter le coût d’une borne de recharge à domicile : de 300 $ à 700 $. Si on tient compte aussi de la main-d’œuvre, la facture peut atteindre de 1200 $ à 2000 $.

Mme Kyriazis prédit que les prix vont sans doute baisser. Celui des batteries a déjà commencé à chuter en raison de nombreux facteurs comme les capacités croissantes de fabrication, une demande supérieure des constructeurs automobiles et les récentes innovations.

Le coût initial d’un véhicule électrique est habituellement plus élevé qu’une voiture conventionnelle, mais il permet de plus économiser à long terme, souligne Mme Kyriazis.

« Cela ne nécessite pas une longue période. En un an ou deux, l’argent que l’on économise sur l’essence rend le véhicule électrique moins onéreux qu’un véhicule à essence. »

Et c’est sans compter les incitatifs : le remboursement offert par le gouvernement fédéral pouvant aller jusqu’à 5000 $ et les autres programmes mis en place dans les provinces.

Cara Clairman, fondatrice et présidente de Plug’n Drive, dit que les conducteurs devront considérer les bornes de recharge de façon différente que les stations-service. Il faudra en installer à de nombreux endroits au lieu d’en place au milieu de nulle part.

« On n’en a pas besoin partout, dit-elle. Il faut les placer là où les gens s’arrêteront sans doute le plus. Ils voudront manger ou magasiner pendant de longs trajets. C’est là qu’il faudra placer les bornes. »

Un autre obstacle est la disponibilité des véhicules. Le temps d’attente est d’environ un an dans plusieurs cas. Les problèmes d’approvisionnement causés par la pandémie de COVID-19 peuvent rallonger cette période.

L’intérêt envers les véhicules électriques grandissant, les fabricants automobiles s’intéressent de plus en plus au Canada pour mettre en place leur stratégie d’affaires. Ainsi, Honda Canada a annoncé mercredi qu’il investira 1,38 milliard sur les six prochaines années pour des modifications aux chaînes de montage de son usine d’Alliston, en Ontario, qui construira éventuellement les véhicules CR-V et CR-V hybrides 2023.

Plus tôt en mars, GM et son partenaire coréen POSCO Chemical avaient annoncé qu’ils établiraient une usine qui fabriquera des composantes de batteries de véhicules électriques, à Bécancour, dans le Centre-du-Québec. Le géant américain compte aussi lancer au cours de l’année une première usine de fabrication de véhicules électriques à grande échelle au Canada à Ingersoll, en Ontario.