La pénurie de main-d’œuvre est une gifle quotidienne pour les entreprises qui souffrent particulièrement depuis la pandémie. Et ce, dans des contextes de numérisation nécessaire, de transition écologique valorisée et de transformation de l’emploi.

Ainsi, le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, en collaboration avec la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT), dévoile une enveloppe de 46 millions de dollars pour appuyer le rehaussement des compétences et la requalification des employés dans les entreprises en transformation.

« Il faut appuyer nos entreprises dans un marché en mutation », a dit le ministre Jean Boulet, en conférence lundi. « Elles ont besoin d’accompagnement et d’aide tant dans la réussite de ces transitions numériques que pour s’adapter aux nouvelles réalités environnementales. »

Grâce au programme Ambition-Compétences, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale estime que cette enveloppe aidera à la formation de 25 000 à 30 000 personnes au sein de 15 000 à 20 000 organisations. « Notre objectif est de soutenir 185 projets au coût moyen de 250 000 $, a-t-il calculé. Ça permettra d’assurer les salaires pour la formation jusqu’à concurrence de 25 $ de l’heure. Le programme prévoit un remboursement de 85 % des dépenses admissibles. »

« Je n’ai jamais vu un problème si généralisé que la pénurie de main-d’œuvre, dans tous les secteurs et toutes les régions du Québec », a ajouté Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec.

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Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec

« L’heure est grave. La compétitivité de nos entreprises est affectée. Il y a des solutions pour améliorer la situation. Et le programme annoncé aujourd’hui répond à plusieurs d’entre elles. Le rehaussement des compétences est hyper important. C’est un des leviers pour préparer notre économie de demain. Le programme permet d’insuffler un vent de changement dans les organisations. »

Les projets, qui devront être déposés par des associations d’employeurs, de travailleurs et autres organismes autochtones admissibles par la CPMT, peuvent toucher tant à la robotisation d’une chaîne de production qu’à l’intégration de l’intelligence artificielle, au commerce électronique ou à la réparation de véhicules électriques. « Cet appel de projets est aussi une opportunité pour nos entreprises et les employés de relever le défi de la productivité, a dit Jean Boulet. Ça nous permettra de faire un bond en avant. »

En conférence de presse, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) a rappelé que l’employé devait être au centre des innovations et mises à niveau des entreprises. Qu’il ne devait pas être mis sur l’accotement. « Pour réussir, il faudra se faire confiance », a dit Denis Bolduc, secrétaire général de la FTQ. « Les travailleurs devront être ouverts aux changements, et les employeurs, à l’écoute des besoins des employés. L’objectif commun devra être qu’aucun travailleur ne perde son emploi. On souhaite des protections adéquates. Le défi des entreprises est la requalification. Oui à la transition, mais sans victime. »