(Montréal) Le ministère de la Culture investit 4 millions pour favoriser la connaissance du patrimoine immobilier du Québec.

Dans un communiqué publié lundi après-midi, la ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy, a annoncé la création du programme « Caractérisation des immeubles et secteurs à potentiel patrimonial ».

Le communiqué souligne que l’initiative « découle d’un engagement pris par la ministre dans le plan d’action établi à la suite des recommandations du Vérificateur général du Québec en matière de sauvegarde et de valorisation du patrimoine immobilier ».

Un rapport accablant de la vérificatrice générale Guylaine Leclerc, rendu public en juin 2020, faisait état du laxisme du gouvernement quand vient le temps de classer et protéger les édifices patrimoniaux du Québec, qui forment l’« héritage légué aux générations futures ».

Selon le rapport de 300 pages, les édifices ayant une valeur patrimoniale sont trop souvent laissés à eux-mêmes, se détériorant au fil des ans, victimes de la négligence du ministère de la Culture.

Le rapport soulignait également que le ministère confiait aux municipalités une part importante de la responsabilité de sauvegarder le patrimoine immobilier du Québec, mais sans leur fournir les outils ni le soutien requis pour s’acquitter de cette tâche exigeante.

Le ministère de la Culture affirme que le nouveau financement permettra aux MRC « d’acquérir une meilleure connaissance de leur patrimoine bâti, une étape indispensable pour son recensement et sa préservation ».

Ainsi, « les sommes accordées permettront aux municipalités de confier des mandats de recherche à des organismes des domaines de l’histoire et du patrimoine, comme les sociétés d’histoire », selon le communiqué du ministère.

« La valorisation et la protection du patrimoine québécois, c’est l’affaire de tous ! Pour protéger notre patrimoine bâti, il faut le connaître. La contribution de nos partenaires municipaux est essentielle dans cet exercice. Le nouveau programme est un moyen adapté pour y arriver », a indiqué la ministre Roy dans le communiqué.

Son ministère souligne que le financement permettra aux MRC d’amorcer l’inventaire de leur patrimoine immobilier construit avant 1940, bien que les constructions plus récentes pourront aussi être incluses.

La subvention maximale que peut octroyer le ministère à un demandeur est de 50 000 $ pour la réalisation du projet.

Ce financement répond à un besoin exprimé par la Fédération québécoise des municipalités (FQM) qui a souligné qu’il constitue « un premier pas essentiel vers la protection du patrimoine immobilier ».

« En février dernier, dans le cadre de nos demandes prébudgétaires, nous avions estimé le montant nécessaire à la réalisation d’un premier inventaire par les MRC à 50 000 $, soit exactement la somme prévue dans ce nouveau programme », a indiqué Jacques Demers, président de la FQM, à La Presse Canadienne.

M. Demers, qui est maire de Sainte-Catherine-de-Hatley, a souligné qu’il « est indispensable de doter les décideurs d’outils permettant de distinguer ce qui est d’intérêt par rapport à ce qui l’est moins afin de mieux protéger et mettre en valeur notre patrimoine ».

Depuis le début de son mandat, le gouvernement Legault a annoncé différents financements pour améliorer la protection du patrimoine immobilier, dont une somme de 30 millions en décembre 2019.

Le gouvernement a également apporté des modifications à la Loi sur le patrimoine culturel au printemps dernier.

Ainsi, les municipalités régionales de comté sont obligées « d’adopter et de mettre à jour périodiquement un inventaire des immeubles construits avant 1940 qui sont situés sur leur territoire et qui présentent une valeur patrimoniale ».

La question de la protection des édifices patrimoniaux a souvent rebondi dans l’actualité dans les dernières années.

En 2018, la démolition de la maison du patriote René Boileau, à Chambly, avait soulevé l’indignation de plusieurs groupes et citoyens.

Plus récemment, à Québec, la vente de la Maison Chevalier à Gestion 1608, une division du Groupe Tanguay, avait fait bondir les partis d’opposition à l’Assemblée nationale.

Plus récemment, à la mi-octobre, des centaines d’historiens et de défenseurs du patrimoine s’étaient mobilisés pour dénoncer la vente.

Ils avaient signé une lettre intitulée « Que restera-t-il aux Québécois du berceau de l’Amérique française si l’État vend la Maison Chevalier ? »

« Quel sera le prochain joyau de notre patrimoine qui sera désacralisé et vendu ? Nous comprenons mal cette décision », pouvait-on lire dans la missive.

Les signataires réclamaient que l’on dote le Musée de la civilisation d’un budget annuel et récurrent pour que la Maison Chevalier soit accessible et demeure la propriété de l’ensemble des Québécois.