Avec les mois d’hiver qui arrivent, les fruits et les légumes importés prendront plus de place en supermarché. Les consommateurs doivent toutefois s’attendre à trouver moins de diversité et à payer des prix plus élevés, prévient l’Association québécoise de la distribution de fruits et légumes (AQDFL).

« Les entreprises de bananes ont annoncé que tous les contrats avaient été majorés d’environ 2 $ la caisse à partir du mois de novembre », affirme Guy Milette, vice-président directeur de Courchesne Larose, entreprise d’importation et de distribution de fruits et de légumes, également membre de l’AQDFL. « Ça ne semble pas beaucoup, mais sur une caisse qui, à l’origine, coûte à peu près 20 $, c’est 10 %. Ce 10 %, personne d’autre que le consommateur ne va l’absorber. »

Le prix des fruits et des légumes importés, comme les ananas, les bananes, les raisins et les agrumes, va augmenter, a-t-il soutenu au cours d’un entretien téléphonique avec La Presse. Et l’augmentation des frais de transport maritime n’est pas étrangère à cette hausse.

« Si une boîte de citrons d’Argentine me coûtait 18 $ et que, à partir des nouveaux frais de transport, elle m’en coûte 22 $, 23 $, je vais vendre à partir de 23 $. Le consommateur paie toujours pour cette différence », se désole-t-il.

Ces fluctuations de prix sont toutefois difficiles à saisir pour les clients en épicerie, reconnaît Sophie Perreault, présidente-directrice générale de l’AQDFL. « Ils ne comprennent pas pour quelle raison un article peut coûter 2,99 $, le lendemain 4 $, et deux semaines après, un autre prix. C’est parce que c’est déterminé par le jeu de l’offre et de la demande, par la température, par le prix de l’essence et par la valeur du dollar. Il y a [actuellement] une conjoncture où ces quatre facteurs sont vraiment touchés d’emblée en même temps. Beaucoup de choses sont hors de notre contrôle. »

Mme Perreault ne veut toutefois pas que les consommateurs cèdent à la panique : des fruits et des légumes, il y en aura. Les gens devront toutefois faire preuve d’« ouverture » lorsqu’ils feront leur marché, prévient-elle.

Peut-être que ce ne sera pas l’assortiment qu’ils [les consommateurs] sont habitués à trouver. Peut-être qu’ils vont arriver une semaine et qu’il n’y aura pas de mangues ataulfo ou de raisins de telle variété. L’approvisionnement n’est pas aussi constant. Il va falloir être ouvert à la découverte, bien regarder les spéciaux, acheter à des degrés de maturité différents.

Sophie Perreault, présidente-directrice générale de l’Association québécoise de la distribution de fruits et légumes

Aide gouvernementale réclamée

Par ailleurs, pour tenter de mettre un frein à cette situation, les acteurs de l’industrie des fruits et légumes frais d’Amérique du Nord demandent l’aide des gouvernements : « […] nous demandons de toute urgence une action gouvernementale pour faire face aux importantes perturbations que subit actuellement la chaîne d’approvisionnement et qui ont des répercussions sur nos systèmes alimentaires, nos économies et, au bout du compte, sur les particuliers et les familles partout dans le continent et le monde », ont-ils écrit dans une déclaration commune rédigée au début du mois de novembre.

« On s’attend à ce que les gouvernements aient des discussions concrètes [et trouvent] de possibles solutions qui peuvent aider », ajoute M. Milette, de Courchesne Larose.

Sophie Perreault, de son côté, souhaite que la situation « soit temporaire ». « Je persiste à croire que ce sont des articles qui sont relativement à bas prix par rapport au reste de l’épicerie, soutient-elle. Les bananes, à 39 cents, 59 cents ou 79 cents, ce n’est pas cher pour la valeur, quand on vient d’énumérer tout ce que ça coûte pour cultiver, produire, distribuer fruits et légumes. Personne ne sursaute pour son café à 7 $ chez Starbucks. Mais des carottes à 1,99 $, à 2,29 $, ça fait sursauter. »