(Montréal) La rémunération globale des salariés de l’administration québécoise a perdu cette année la légère avance qu’elle détenait depuis dix ans par rapport aux employés du secteur privé. Elle accuse toujours un retard de plus de 25 % par rapport aux autres employés de la fonction publique.

C’est ce qui ressort d’un rapport annuel publié, mardi, par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Dans l’ensemble, les employés du gouvernement québécois ont obtenu une rémunération globale inférieure de 9,4 % à celle des autres salariés québécois travaillant dans une entreprise comptant au moins 200 employés.

La situation demeure relativement stable par rapport à l’écart de 9,2 % enregistré en 2020, mais cette différence s’est accrue sur dix ans, alors qu’elle était de 6,1 % en 2012.

Cet écart représente une menace pour les services publics dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, prévient Daniel Boyer, président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ). « Il va falloir corriger le tir un moment donné, réagit-il en entrevue. Sinon, on va avoir de plus en plus de misère à attirer et retenir de la main-d’œuvre compétente pour donner des services à la population. »

Perte de l’avantage sur le secteur privé

Le portrait est toutefois bien différent lorsqu’on fait la comparaison avec les employés du secteur privé et ceux des autres administrations publiques.

En 2021, les employés de l’État québécois avaient une rémunération globale inférieure de 1,6 % à celle des employés du secteur privé. L’ISQ estime que cette petite différence représente une situation de parité. En 2012, la rémunération globale montrait une légère avance de 3,3 % en faveur des employés du gouvernement provincial.

L’écart risque d’augmenter avec le secteur privé dans un contexte de rareté de main-d’œuvre qui permet aux employés d’améliorer leurs conditions de travail, croit M. Boyer.

« On va retrouver de plus en plus d’avantages sociaux dans le secteur privé parce que les gens ont pris conscience que la conciliation travail-famille, c’est important, et que les vacances, c’est important. »

Le fossé demeure entre les employés de l’administration provinciale et les autres employés du secteur public, qui comprend les universités, les municipalités d’au moins 25 000 habitants et les employés québécois du gouvernement fédéral.

En 2021, l’écart était de 27,5 % en défaveur des employés de l’administration québécoise. Cet écart reste relativement stable par rapport à 28,3 % en 2020 et 26,2 % en 2012.

Prochaines négociations

Québec va devoir s’attaquer au problème dans la prochaine ronde de négociation pour assurer la pérennité des services publics, plaide M. Boyer. Les conventions de la majorité des employés de l’administration publique québécoise arrivent à échéance le 23 mars 2023.

Les organisations syndicales devront déposer leurs demandes en octobre 2022 pour enclencher le processus de négociations. À la FTQ, on est sur le point d’entamer le processus de consultation des membres afin de présenter une proposition au gouvernement en octobre 2022.

Une réflexion publique sur le sujet s’impose, ajoute le président de la FTQ.

« On est toujours dans le même dilemme : que c’est l’argent des citoyens qui paient via leurs impôts et leurs taxes et si on augmente la rémunération globale, on va payer davantage. C’est toujours la même affaire », dit-il.

« En même temps, est-ce qu’on veut donner des services de qualité ? Je pense que l’ensemble des gens au Québec ont constaté que le réseau public est mis à mal. Si on n’y voit pas, c’est dommage, mais on n’aura pas les services auxquels on doit s’attendre. »