Pour la première fois, les entreprises qui construisent des écoles et des immeubles pour le gouvernement québécois pourront ajuster le coût de leurs soumissions en cours de route pour refléter les variations dans les prix des matériaux.

Ce changement dans les politiques de la Société québécoise des infrastructures (SQI) survient alors que plusieurs entrepreneurs ont dû terminer à perte des contrats publics au cours de la dernière année, marquée par des pénuries et des hausses de prix vertigineuses de plusieurs produits.

« C’est quelque chose qu’on réclamait depuis longtemps », explique Guillaume Houle, porte-parole de l’Association de la construction du Québec (ACQ), qui représente les entrepreneurs actifs dans la province.

Jusqu’à maintenant, seuls les appels d’offres du ministère des Transports comprenaient un mécanisme d’ajustement pour certains produits seulement, comme le bitume et l’essence, dont les prix sont très volatils.

La SQI, qui est responsable de la planification et de la construction des routes, des écoles, des hôpitaux et autres infrastructures publiques, permettra maintenant un ajustement de prix pour la plupart des matériaux utilisés dans la construction, dont l’acier, le bois, l’aluminium ou le verre.

« Afin de diminuer les répercussions de l’augmentation du prix des soumissions et d’équilibrer davantage les risques reliés à la volatilité des prix des matériaux, la Société intègre de manière temporaire une clause d’ajustement du prix de certains matériaux à la documentation contractuelle de certains projets », précise la SQI.

Il s’agit d’une mesure temporaire, mais qui pourrait être en place un certain temps. Les chaînes d’approvisionnement ne sont pas encore remises du choc de la pandémie, et les désastres climatiques, comme les inondations récentes en Colombie-Britannique, pourraient prolonger les incertitudes sur l’évolution des prix.

Ce changement de cap de la SQI profitera autant au gouvernement qu’à ceux qui exécutent les travaux publics, estime le regroupement des entrepreneurs en construction.

Les hausses récentes et soudaines des prix de certains matériaux ont eu un impact sur le processus d’appels d’offres. Les soumissions se sont faites plus rares, et les prix des travaux ont augmenté parce que les soumissionnaires ne voulaient pas risquer de travailler à perte.

Il n’a pas été possible de savoir auprès de la SQI si des projets ont dû être retardés ou reportés en raison de l’absence de soumissionnaires ou de soumissions jugées trop élevées.

Plus complexe

La SQI et les entreprises de construction se sont entendues sur une liste de matériaux et sur un indice développé par Statistique Canada pour suivre en temps réel l’évolution des prix de chacun d’eux.

Les ajustements pourront être à la hausse ou à la baisse, selon l’évolution des prix pendant la durée des travaux. Cette nouvelle façon de faire augmentera la complexité des travaux publics pour ceux qui donnent les contrats comme pour ceux qui les exécutent. C’est vrai, dit le porte-parole de l’ACQ, « mais c’est une façon de se protéger autant pour les entreprises que pour le gouvernement ».

Aucun appel d’offres gouvernemental n’a encore été lancé avec les nouvelles règles du jeu. On attend le premier avant les Fêtes, indique Guillaume Houle.