(Ottawa) Le nombre de ménages canadiens très endettés semble être de nouveau à la hausse, alors que l’aide pandémique des gouvernements prend fin, a noté mardi un sous-gouverneur de la Banque du Canada.

Dans un discours prononcé dans le cadre d’une conférence organisée par la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario, le sous-gouverneur Paul Beaudry a souligné que l’aide fédérale sans précédent et les restrictions limitant les dépenses des consommateurs avaient contribué à renforcer les finances des ménages canadiens pendant la pandémie.

Mais maintenant, les vulnérabilités financières liées à l’endettement élevé des ménages semblent s’intensifier après une légère pause, a-t-il souligné.

« Nous sommes particulièrement inquiets pour les ménages très endettés, car ce sont des ménages qui auront beaucoup plus de mal à réagir aux chocs », a-t-il affirmé mardi.

Certaines personnes étaient en mesure de rembourser leurs dettes pendant la pandémie, a expliqué M. Beaudry, mais d’autres devenaient aussi de nouveaux emprunteurs qui contractaient de nouvelles dettes pour acheter des logements.

Selon le sous-gouverneur, la part des ménages fortement endettés devrait dépasser, d’ici la fin de l’année, son sommet de 2019.

« Nous observons de nouveau cette augmentation de l’endettement chez les gens », a-t-il affirmé.

Cette progression de l’endettement s’explique notamment par le fait que les taux d’intérêt ont été historiquement bas pendant la pandémie, ce qui a convaincu les ménages de s’endetter davantage, a souligné le sous-gouverneur. En conséquence, prévient-il, l’économie sera probablement désormais plus sensible à toute augmentation des coûts d’emprunt.

La banque centrale pourrait décider d’augmenter son taux d’intérêt directeur dès le mois d’avril, par rapport à son creux de 0,25 %, où il se trouve depuis le début les premières semaines de la pandémie.

Le Bureau du surintendant des institutions financières et le gouvernement fédéral ont annoncé plus tôt cette année des plans visant à resserrer les simulations de crise hypothécaire auxquelles doivent se soumettre les acheteurs, afin de vérifier s’ils sont en mesure de régler leurs paiements en cas de hausse des taux d’intérêt.

Ces actions ont peut-être encouragé certains acheteurs à attendre d’avoir accumulé une mise de fonds plus importante et d’autres à acheter une maison à un prix moindre, a estimé M. Beaudry dans le texte de son discours.

Mais toute modération des prix des logements semble s’inverser, en grande partie à cause du très grand nombre d’acheteurs et d’une offre insuffisante pour répondre à la demande, a-t-il poursuivi.

Une analyse de la banque suggère que plusieurs Canadiens achètent des immeubles à titre d’investisseurs, ce qui alimente aussi les hausses de prix, a ajouté M. Beaudry.

Si tel est le cas, les attentes d’augmentations futures des prix pourraient se concrétiser, au moins pendant un certain temps, ce qui augmenterait la probabilité d’une correction du marché, a-t-il affirmé.

Les dommages qui en résulteraient s’étendraient bien au-delà des investisseurs, a ajouté M. Beaudry, notant que le patrimoine de nombreux ménages et l’accès au crédit à faible coût sont liés à la valeur de leur maison.

« Ça ne veut pas dire qu’une calamité se dessine à l’horizon », a-t-il affirmé dans le texte de son discours.

« Néanmoins, même sans mettre le système financier à risque, une baisse des prix des logements pourrait avoir une grande incidence sur les dépenses des ménages ainsi que des répercussions sur l’emploi. »