Le taux annuel d’inflation est passé de 4,4 % en septembre à 4,7 % en octobre et il a même atteint 5,3 % au Québec. C’est un sommet inégalé depuis février 2003, qui laisse croire que les taux d’intérêt pourraient remonter dans un avenir rapproché.

Poussés par le prix de l’énergie, et particulièrement celui de l’essence, en hausse de 47,1 % depuis un an, les prix des biens de consommation les plus courants ont continué d’augmenter à bon rythme le mois dernier.

Depuis un an, les prix sont en hausse dans les huit composantes principales de l’indice, rapporte Statistique Canada, qui précise que de mois en mois, le coût des aliments, du logement et du transport continue d’augmenter. Ces trois éléments représentent 62,5 % des dépenses mensuelles des ménages.

Jusqu’à présent, la hausse des prix ne semble pas avoir freiné les consommateurs. Selon Matthieu Arseneau, chef économiste adjoint de la Banque Nationale, l’épargne accumulée pendant la pandémie sert probablement de « coussin » pour absorber la hausse des prix.

« On peut penser que les ménages adaptent leur consommation en conséquence, en achetant moins de viande, par exemple, mais la baisse du pouvoir d’achat ne semble pas encore avoir d’impact majeur sur les dépenses », dit-il.

Ça semble être la même situation aux États-Unis, où les ventes au détail augmentent encore à bon rythme en dépit d’un taux d’inflation de 6,2 %.

La hausse du taux d’inflation au Canada était attendue et pourrait se poursuivre d’ici la fin de l’année, estiment la plupart des économistes. « Il faudra sans doute patienter encore quelques mois avant qu’une tendance à la baisse de l’inflation ne commence à être observée, croit Benoit Durocher, économiste principal de Desjardins. D’ici là, le taux annuel d’inflation totale devrait rester près du niveau actuel et il se peut même qu’une légère augmentation soit de nouveau observée. »

La Banque du Canada elle-même prévoit un taux moyen d’inflation de 4,8 % pour le dernier trimestre 2021, note de son côté Doug Porter, économiste en chef de la Banque de Montréal, ce qui indique que l’inflation n’a pas encore plafonné. « Un taux de 5 % à la fin de l’année apparaît possible, selon ce qui se passera avec les aliments et l’énergie », estime-t-il.

Une première hausse en avril

En excluant l’énergie, l’indice des prix à la consommation est en hausse de 3,3 %. Octobre est le 7e mois de suite où l’augmentation des prix est supérieure à la zone de confort de la Banque du Canada, qui se situe entre 1 et 3 %.

La pression augmente sur les autorités monétaires qui doivent décider du moment où la remontée des taux devra être enclenchée. « Le maintien de taux d’intérêt directeurs à leur niveau plancher est de plus en plus difficile à justifier », estime Benoit Durocher.

Desjardins prévoit une première hausse de taux en avril prochain.

Ça pourrait même être avant ça, croit de son côté l’économiste de la CIBC Ksenia Bushmeneva. « On ne peut pas écarter la possibilité que la banque centrale bouge avant [avril] si le marché du travail reste solide et que l’inflation continue de surprendre », a-t-il commenté mercredi.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, répète depuis des mois que le taux directeur, qui est actuellement de 0,25 %, ne bougera pas tant et aussi longtemps que l’économie et le marché du travail n’auront pas récupéré complètement le terrain perdu pendant la crise sanitaire.

« Nous n’en sommes pas encore là, mais nous nous en approchons », a indiqué le gouverneur cette semaine dans un texte publié par le Financial Times.

Des prix à la hausse

Essence : + 41,7 %
Bacon : + 20,2 %
Gaz naturel : + 18,7 %
Bœuf : + 14 %
Automobiles : + 6,1 %

Exemples de hausses de prix (octobre 2021 par rapport à octobre 2020)
Source : Statistique Canada