(Ottawa) L’économie canadienne prend du mieux, à tel point que l’on a retrouvé le niveau d’emplois qui prévalait avant la pandémie de COVID-19. Le gouvernement Trudeau croit que l’heure est venue d’ajuster les programmes d’aide aux entreprises et aux travailleurs touchés par la pandémie d’une manière plus ciblée.

« Notre économie est en train de rebondir et nous sommes en train de gagner le combat contre la COVID », a lancé jeudi la ministre des Finances Chrystia Freeland, en confirmant les changements aux programmes d’aide en compagnie du premier ministre Justin Trudeau.

Dans le cas des entreprises qui sont encore durement touchées par les mesures de restrictions telles que celles de l’industrie touristique et les restaurants, le gouvernement fédéral propose de modifier le programme de subvention salariale et d’aide au loyer et de le prolonger jusqu’au 7 mai 2022.

Ainsi, la ministre Freeland entend lancer le programme de relance pour le tourisme et l’accueil, qui offrirait un soutien aux hôtels, aux organisateurs de voyages, aux agences de voyages et aux restaurants par l’entremise de programmes de subvention salariale et de subvention pour le loyer. Le taux de subvention pourrait atteindre 75 %.

Le gouvernement Trudeau propose aussi un programme de relance pour les entreprises les plus durement touchées. Ce programme offrirait un soutien à d’autres entreprises ayant enregistré de lourdes pertes, par l’entremise de programmes de subvention salariale et de subvention pour le loyer. Dans ce cas, le taux de subvention pourrait atteindre 50 %.

Les entreprises qui soumettront une demande devront utiliser le nouveau système d’admissibilité et démontrer qu’elles ont subi des pertes de revenus importantes au cours d’une période de 12 mois durant la pandémie ainsi que pendant le mois en cours.

Toutefois, les entreprises touchées par de nouveaux confinements temporaires dans leur région, comme c’est le cas en Alberta par exemple, pourront recevoir le montant maximal des programmes de subvention salariale et de subvention pour le loyer, pour la période de confinement, peu importe les pertes subies pendant la pandémie.

« Il est vrai que la relance est inégale et que les mesures sanitaires qui permettent de sauver des vies continuent de restreindre certaines activités économiques », a affirmé Mme Freeland.

En principe, les programmes d’aide devaient prendre fin samedi. Mais le gouvernement a les coudées franches, sur le plan législatif, pour que ces changements entrent en vigueur à compter du 24 octobre. En effet, la Loi d’exécution du budget adoptée au printemps donne le pouvoir au gouvernement de prolonger les mesures d’aide jusqu’au 20 novembre. Après cette date, le gouvernement Trudeau devra déposer un nouveau projet de loi.

La ministre a aussi annoncé qu’Ottawa entend prolonger le programme d’embauche pour la relance du Canada à un taux de 50 % des salaires des travailleurs, également jusqu’au 7 mai.

Fin de la PCRE

Elle a par ailleurs confirmé que la Prestation canadienne de relance économique (PCRE) prendra fin le 23 octobre, comme prévu. Mais elle entend créer un nouveau programme ciblé pour les employés qui ne peuvent se rendre au travail dans certaines régions à cause de mesures de confinement imposées par les autorités sanitaires.

Cette prestation d’urgence liée aux mesures de confinement permettra à un travailleur d’obtenir 300 $ par semaine, ou 1200 $ par mois, comme le prévoyait la PCRE.

Ces mesures qui prendront fin en mai prochain coûteront 7,4 milliards de dollars au fisc canadien.

« Nous sommes maintenant dans une nouvelle phase qui est très différente des jours les plus sombres de notre lutte contre la COVID. Nous avons récupéré tous les emplois perdus. Les taux de vaccination sont élevés et augmenteront à mesure qu’il deviendra possible de vacciner davantage de nos enfants. Les frontières rouvrent et la quatrième vague semble être sous contrôle dans de nombreuses régions du pays », a souligné Mme Freeland.

Le monde des affaires a accueilli favorablement ces changements.

« Le milieu des affaires réclamait depuis des mois qu’on privilégie une approche plus adaptée pour soutenir nos entreprises. L’économie reprend du galon, mais certains secteurs fonctionnent encore au ralenti et la pénurie de main-d’œuvre plombe toujours la relance. Le gouvernement fédéral a visé juste en revoyant ses mesures d’aide et en se concentrant sur les entreprises et les travailleurs qui en ont le plus besoin », a affirmé Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec.

Sur le plan politique, les partis de l’opposition ont aussi salué les modifications proposées. Le chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, s’est dit satisfait que le gouvernement Trudeau reconnaisse enfin l’importance de reprendre le contrôle des finances publiques.

« Comme le premier ministre et la vice-première ministre l’ont reconnu, il faut reprendre le contrôle des finances du Canada, surtout après les six années de politiques économiques d’échec de Justin Trudeau. Si le premier ministre veut vraiment contrer la crise de l’inflation, il doit mettre un terme à ses dépenses incontrôlées, présenter un plan pour équilibrer le budget et réduire la dette du Canada », a affirmé M. O’Toole dans un communiqué.

Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a affirmé qu’il était temps que les programmes d’aide « mur à mur » prennent fin. Il a aussi approuvé le fait qu’une aide financière ciblée soit accordée à des secteurs en difficulté, comme le tourisme et l’hébergement. « Le Bloc québécois a fait valoir depuis un long moment maintenant qu’une PCRE large comme c’était appliqué avait un effet négatif sur le type d’accès à la main-d’œuvre dont les entreprises ont besoin. »