(Ottawa) Les consommateurs et les entreprises s’attendent à ce que la hausse du coût de la vie reste élevée au cours de la prochaine année, révèlent les résultats d’une enquête trimestrielle de la Banque du Canada, qui montrent en outre que les travailleurs sont plus disposés à se mettre à la recherche d’un nouvel emploi et que les entreprises sont prêtes à payer davantage pour leurs travailleurs.

L’enquête de la banque centrale sur les attentes des consommateurs indique que les perspectives d’inflation au cours de la prochaine année ont atteint un nouveau sommet. Les personnes interrogées s’attendaient à une inflation d’environ 3,7 % au cours des 12 prochains mois.

Malgré tout, les consommateurs disent s’attendre à ce que l’inflation ralentisse à la fin de la pandémie.

Pendant ce temps, près de la moitié des entreprises interrogées prévoient que la cadence des augmentations de prix restera supérieure à 3,0 % au cours des deux prochaines années, alimentée par une combinaison de goulots d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement, de hausses des prix des aliments et de l’énergie et des mesures prises par la Banque du Canada et gouvernement fédéral pour stimuler l’économie.

Et elles prévoient également de répercuter ces hausses de coûts sur les consommateurs.

La Banque du Canada a laissé l’inflation monter un peu pour aider l’économie à se remettre de la crise liée à l’arrivée de la pandémie de COVID-19, affirmant que les lectures élevées étaient des problèmes temporaires qui devraient se régler d’eux-mêmes.

« S’ils devaient s’élargir et se maintenir, ce serait plus préoccupant. Donc, pour avoir une idée de ce qui se produit, nous examinons certainement de très près les mesures de l’inflation attendue », a expliqué aux journalistes le gouverneur de la banque centrale, Tiff Macklem, à la suite de rencontres avec ses homologues mondiaux, à Washington, DC.

La banque centrale doit faire la prochaine annonce sur son taux directeur le 27 octobre, mais a précédemment indiqué que son taux cible du financement à un jour resterait à 0,25 % jusqu’à ce que l’économie soit suffisamment en santé pour gérer une augmentation des taux, ce que la Banque du Canada prévoit plus tard l’année prochaine.

La demande accumulée qui menace de se déchaîner – les personnes interrogées disposant d’économies supplémentaires ont indiqué qu’elles prévoyaient de dépenser un tiers de ces fonds d’ici la fin de 2022 – et la suppression des restrictions sanitaires ont soutenu le sentiment des entreprises au troisième trimestre.

Si la demande devait augmenter de manière inattendue, comme certains experts craignent que cela ne se produise, la banque affirme qu’« une proportion anormalement élevée de répondants » affirment qu’elles auraient des problèmes à gérer toute augmentation inattendue des dépenses.

Les raisons sont doubles : les pénuries de main-d’œuvre et les problèmes de chaîne d’approvisionnement comme les retards d’expédition que les entreprises ne voient pas diminuer avant la seconde moitié de 2022, ce que la banque a noté comme étant plus tard que prévu.

« S’ils ne sont pas résolus, ces facteurs pourraient ralentir le rythme de la reprise économique au Canada », a écrit l’économiste Sri Thanabalasingam, de la Banque TD.

« Les entreprises ne s’attendent pas à ce que les problèmes de la chaîne d’approvisionnement s’atténuent de sitôt. Les pénuries de main-d’œuvre pourraient également durer un certain temps, en raison de l’inadéquation entre l’offre et la demande de main-d’œuvre. Cela entraînera probablement une hausse des prix, et les entreprises le reconnaissent. »

Les entreprises sont plus disposées à offrir des salaires plus élevés pour attirer et retenir les travailleurs, la pression à la hausse sur les salaires devant persister au-delà des 12 prochains mois.

Les deux enquêtes montrent que les travailleurs sont plus disposés à prendre leur retraite ou à quitter leur emploi pour en chercher un nouveau. La probabilité de quitter son emploi est en fait revenue à son niveau d’avant la pandémie.

Les travailleurs se disent plus susceptibles de quitter leur emploi pour un nouveau poste, à la recherche de meilleurs horaires et de meilleurs salaires, ou d’un changement de secteur, une situation qui est plus courante dans les secteurs aux salaires peu élevés qui ont été plus durement touchés par la pandémie.