(Sherbrooke) La pandémie a porté un dur coup à l’économie de plusieurs centres-villes à travers le Québec et le gouvernement Legault veut soutenir leur relance avec une aide financière de 25 millions destinée à 19 municipalités. Dans le monde municipal, on aurait souhaité que l’aide soit offerte à un plus grand nombre.

L’annonce de jeudi est « un pas dans la bonne direction », mais elle laisse de côté d’autres municipalités qui ont besoin d’aide, croit Denis Martin, le président de la Commission sur le développement économique de l’Union des municipalités du Québec (UMQ). « Tout montant est bienvenu, mais il faut continuer de travailler pour l’ensemble des villes du Québec parce que tout le monde a été affecté », plaide-t-il en entrevue.

Au gouvernement, Lucie Lecours, ministre déléguée à l’Économie, se défend d’avoir laissé certaines municipalités en plan. Elle souligne que le gouvernement a adopté plusieurs programmes durant la pandémie, dont les municipalités ont profité directement ou indirectement. En septembre 2020, le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation avait annoncé une subvention de 800 millions pour atténuer l’impact de la pandémie sur les finances des villes.

Avec la nouvelle annonce, il n’aurait pas été efficace d’ouvrir l’aide à un plus grand nombre de municipalités, selon la ministre. « On aurait pu aider toutes les municipalités, mais ça aurait été saupoudré et ça n’aurait pas aidé. »

Pour avoir droit à l’aide, une municipalité devait avoir une population minimale de 30 000 personnes. Son territoire devait avoir été au moins 90 jours en zone rouge. Le ministère a aussi décidé de ne pas offrir l’aide aux banlieues des couronnes nord et sud de Montréal. On considérait qu’une bonne part de leurs résidants étaient liés professionnellement à Montréal et représentaient une perte d’achalandage pour le centre-ville de la métropole. « Ces travailleurs sont revenus à leur domicile et ont fréquenté des commerces de leurs villes. C’est pour ça qu’elles ont été retirées », a précisé la ministre.

Une exception a toutefois été faite pour Laval et Longueuil, qui sont admissibles. « Elles ont des centres-villes importants qui accueillent beaucoup de tourisme d’affaires et ce n’est pas dit que tout ça va revenir. Elles ont beaucoup souffert de la pandémie. »

En raison des critères du programme, des villes comme Val-d’Or, Rouyn-Noranda, Gaspé, Saint-Eustache ou Saint-Bruno n’ont pas accès à l’aide. Or, leurs centres-villes ont également été touchés par la pandémie, dit M. Martin, qui est aussi maire de la ville de Deux-Montagnes, située dans la Couronne Nord de Montréal. Il espère que Québec ouvrira un deuxième volet à son aide.

Pour le moment, seules les municipalités suivantes sont admissibles : Alma, Drummondville, Gatineau, Granby, Laval, Lévis, Longueuil, Rimouski, Saguenay, Saint-Georges, Saint-Hyacinthe, Saint‑Jean-sur-Richelieu, Saint-Jérôme, Salaberry-de-Salaberry-de-Salaberry-de-Valleyfield, Shawinigan, Sherbrooke, Sorel-Tracy, Trois-Rivières et Victoriaville.

Montréal et Québec ne sont pas concernées par cette annonce. Une enveloppe de 50 millions a déjà été annoncée dans la mise à jour économique de novembre 2020 pour soutenir la métropole et la capitale.

Préparer l’avenir des centres-villes

Il reviendra aux municipalités de présenter au ministère de l’Économie et de l’Innovation un plan d’action pour obtenir l’aide promise. La ville de Sherbrooke, où avait lieu l’annonce, aura droit à une aide maximale de 1,2 million, a confirmé le ministère. D’autres annonces auront lieu dans les prochains jours. Un montant de 900 000 $ a déjà été confirmé pour Granby.

L’aide pourra se décliner de quatre manières, soit par une aide directe aux entreprises, par des aménagements réalisés au centre-ville, par des évènements de concertation prévus pour la relance ou par des investissements dans les infrastructures.

La pandémie amène des changements durables, notamment le télétravail, qui impactent les centres-villes. La ministre Lecours espère que l’aide gouvernementale aidera les villes à s’y adapter. « Il faut repenser aux manières d’attirer la clientèle d’employés et d’affaires et que ces solutions aient un avenir. »