Restaurants fermés, clientèle rare, touristes absents, actes de racisme liés à l’origine de la pandémie, pression immobilière… Le Quartier chinois vit des moments difficiles et la Ville de Montréal, inquiète pour son avenir, s’apprête à dévoiler un plan d’action pour le relancer.

« Le Quartier chinois est crucial pour le développement et la santé du centre-ville », a souligné la mairesse Valérie Plante, lors d’un forum sur le Quartier chinois organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, lundi.

C’est important de le protéger, son identité, sa culture, son âme, ses travailleurs, ses commerces. On va déposer notre plan d’action dans quelques semaines, et il contient des pistes autant au niveau social, culturel, de la langue, ou comment garder les artères commerciales dynamiques.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Le forum réunissait des élus des trois ordres gouvernementaux, ainsi que plusieurs acteurs économiques de ce secteur de la ville, d’origine chinoise ou non.

Plusieurs ont rappelé à quel point le quartier avait été mis à mal par les conséquences de la COVID-19, notamment parce que des commerces ont été victimes d’actes de vandalisme racistes, et parce que les travailleurs sont absents du centre-ville, tout comme les touristes.

« La communauté chinoise de Montréal a été victime d’évènements que l’on ne peut tolérer », a déploré Chantal Rouleau, ministre responsable de la Métropole à Québec. « L’absence de milliers de travailleurs, d’étudiants et de touristes qui fréquentaient le centre-ville a évidemment affecté la vitalité de notre Quartier chinois, un quartier qui a dû faire face à une énorme baisse d’achalandage, qui a nui à sa santé financière. »

Des ventes en chute libre

À défaut des touristes internationaux, le ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault, espère que les touristes québécois voudront découvrir le Quartier chinois.

C’est une expérience culinaire et culturelle, alors je pense que jusqu’à ce qu’on puisse recevoir des gens de partout, on va travailler à encourager les gens d’ici à le découvrir.

Steven Guilbeault, ministre du Patrimoine canadien

Selon Eva Hu, propriétaire de l’enseigne de restaurants Le Coq Frit, certains restaurateurs ont vu leurs ventes chuter de 95 % depuis le début de la pandémie.

Mme Hu a pointé d’autres enjeux qui nuisent à la vitalité du quartier : beaucoup de locaux vides, des loyers trop chers et des immeubles mal entretenus. « Les propriétaires de ces bâtiments n’ont pas toujours les moyens de bien les entretenir. Ils auraient besoin d’encouragements pour mieux prendre soin de leurs immeubles », suggère la jeune entrepreneure.

Selon Jonathan Cha, urbanologue et expert en patrimoine du Quartier chinois, une reconnaissance patrimoniale pour le secteur pourrait favoriser son développement, tout en permettant de maintenir ce qui fait son intérêt.