(Ottawa) L’économie canadienne a progressé de 0,7 % en janvier, face à de sévères restrictions en matière de santé publique, et semble avoir presque autant crû en février, a indiqué mercredi Statistique Canada.

La lecture de janvier pour le produit intérieur brut réel se compare à un gain de 0,1 % en décembre, et a dépassé l’estimation préliminaire de l’agence fédérale, qui avait évoqué une croissance de 0,5 % pour le premier mois de l’année.

Il s’agissait de la neuvième hausse mensuelle consécutive du PIB depuis le plongeon économique de mars et avril l’an dernier, au début de la pandémie de COVID-19, lorsque les travailleurs ont reçu l’ordre de rester chez eux et que les entreprises non essentielles ont été forcées de fermer.

Près d’un an plus tard, Statistique Canada a souligné que l’activité économique totale restait environ 3 % en deçà de son niveau de février 2020, soit avant le début de la pandémie.

L’estimation préliminaire de l’agence pour le mois de février de cette année annonçait une croissance de 0,5 % du PIB.

L’économiste Sri Thanabalasingam, de la Banque TD, a souligné que janvier avait été un mois solide pour l’économie canadienne, malgré les plus strictes restrictions de santé publique en Ontario et au Québec, témoignant de ce qu’il a appelé la « résilience croissante de l’économie à la pandémie ».

« Alors que Statistique Canada prévoit une croissance continue en février, le premier trimestre de 2021 s’annonce comme très bon pour le Canada », a affirmé M. Thanabalasingam.

La Banque du Canada a récemment révisé ses prévisions pour le premier trimestre de 2021, affirmant plus tôt ce mois-ci que l’économie devrait globalement croître plutôt que se contracter, comme elle l’avait d’abord prévu en janvier.

Des indicateurs avancés signalent déjà une amélioration de la confiance des entreprises et des consommateurs en mars, et la croissance annualisée pour le trimestre semble être en voie d’atteindre ou de dépasser 5 %, a noté l’économiste Claire Fan, de la Banque Royale, dans une note.

L’ombre qui pèse maintenant sur l’économie est la COVID-19 et ses variants, qui font grimper le nombre de cas à travers le pays, faisant pression sur les provinces pour qu’elles resserrent à nouveau les restrictions.

L’économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, a affirmé que la situation économique de janvier, meilleure que prévu, alors même que le pays supprimait plus de 200 000 emplois, suggère que les secteurs seront en mesure de gérer les confinements ou les restrictions de la troisième vague dans les semaines à venir.

Mais il prévient que certains secteurs vont ressentir plus de douleur que d’autres. Les arts et les divertissements ne sont plus la moitié de ce qu’ils étaient il y a un an, a-t-il souligné, tandis que l’activité des hôtels et des restaurants est 40 % moins importante qu’avant la pandémie.

Les grands secteurs comme ceux de la construction et de la fabrication sont en baisse d’environ 1 % par rapport à l’an dernier, a poursuivi M. Porter.

« C’est l’illustration ultime de cette soi-disant reprise en forme de K, où les industries situées à l’extrémité supérieure du K sont pratiquement toutes en voie de se retrouver là où elles étaient avant le début de la pandémie, pendant que celles au bas du K sont désespérément faibles », a affirmé M. Porter dans une interview lors d’une entrevue.

« S’il y a de bonnes nouvelles, quand les choses pourront finalement rouvrir, nous allons voir un rebond spectaculaire dans ces secteurs qui restent 40 % ou 50 % en deçà des niveaux d’avant la pandémie. »

La croissance économique du mois de janvier était notamment attribuable aux industries productrices de biens, qui ont avancé de 1,5 %, tandis que celles qui produisent des services ont progressé de 0,4 %.

Selon Statistique Canada, le secteur du commerce de gros a augmenté de 3,9 % en janvier, ce qui a plus que contrebalancé sa contraction de 1,5 % enregistrée en décembre.

Le secteur de la fabrication a progressé de 1,9 % en janvier après s’être contracté de 0,7 % en décembre, tandis que celui de l’extraction minière, de l’exploitation en carrière, et de l’extraction de pétrole et de gaz a progressé de 2,7 %, enregistrant un cinquième mois consécutif de croissance.