(Washington) Une « taxe au kilomètre » est une idée « très prometteuse » permettant une source de financement durable pour les investissements nécessaires dans les infrastructures routières aux États-Unis, a estimé vendredi le ministre des Transports, Pete Buttigieg.

Une telle taxe — qui serait au mille, puisqu’il s’agit des États-Unis —, « est très prometteuse si on croit au principe de l’utilisateur-payeur » : une partie du financement de l’entretien des routes est payée par les utilisateurs avec une taxe modulable en fonction de la distance parcourue, a-t-il déclaré sur la chaîne américaine CNBC.

L’électrification change la fiscalité

L’avenir n’est pas à une augmentation de la fiscalité sur l’essence dans la mesure où l’objectif est de muer vers les véhicules électriques dans un effort pour lutter contre le changement climatique et que les recettes fiscales sur l’essence sont amenées à diminuer.

Les commentaires du ministre des Transports interviennent alors que Joe Biden se prépare à dévoiler des projets d’infrastructure de grande envergure qui pourraient coûter quelque 3000 milliards de dollars.

PHOTO NISSAN, WIECK

La taxe sur l’essence n’a pas d’avenir. Ci-haut, un automobiliste branchant sa Nissan Leaf.

Le président américain doit détailler ces projets lors d’un déplacement à Pittsburgh (nord-est) mercredi prochain.

Durant sa campagne, Joe Biden avait évoqué un plan pluri-annuel de 2300 milliards de dollars.

CNBC a évoqué vendredi une enveloppe allant de 3000 à 4000 milliards de dollars.

« De toute évidence, les chiffres sont toujours en cours d’examen pour que le président décide de ce qui va être déployé la semaine prochaine », a indiqué M. Buttigieg.

Après l’échec de l’administration Obama pour faire voter des investissements massifs dans les infrastructures, suivi de l’échec de l’administration Trump qui avait proposé en 2018 un plan de 1500 milliards jamais débattu au Congrès, « je pense que cette fois, nous pouvons vraiment y arriver », a estimé le ministre.

Sur la possibilité d’une taxe carbone, M. Buttigieg a insisté sur le fait que cela ne devait pas être considéré seulement comme une possibilité d’accroître les recettes. Son but est de réduire les émissions de CO2, a-t-il fait valoir.

Lors de la première conférence de presse de sa présidence jeudi, M. Biden a déclaré que les projets d’infrastructures physiques et technologiques étaient sa prochaine tâche majeure, essentielle non seulement pour les efforts de restauration de l’économie, mais aussi pour rester compétitif face à des rivaux comme la Chine.  

La plupart des autoroutes, routes, ponts, voies ferrées, aéroports et autres infrastructures aux États-Unis a été construite entre les années 1950 et 1970. Et nombre d’entre eux sont dans un piteux état.  

Plan déjà condamné par les républicains

Leur remise en état ainsi que la construction de nouvelles infrastructures se heurtent depuis des décennies à un clivage politique sur la manière de les financer.

Avant même la présentation du plan, les républicains l’ont vivement critiqué, le qualifiant de « gabegie » et de « manigances » pour faire augmenter les impôts sur les riches et les sociétés. C’est le cours normal de la politique, a estimé M. Buttigieg.

« Il va bien falloir qu’il y ait une seule réponse », a-t-il commenté. « Ce que nous savons, c’est que nous devons voir grand », a-t-il ajouté en soulignant que l’enjeu est de transformer en profondeur le paysage des infrastructures pour « soutenir la future génération ».  

« Et je pense que les républicains et les démocrates voient la nécessité de cela », a-t-il opiné.

« Je ne pense pas que la plupart des républicains pensent que les États-Unis, l’un des pays les plus riches au monde, devraient être au 13e rang mondial en matière d’infrastructures », a souligné de son côté la porte-parole de la Maison-Blanche Jen Psaki. « Et le président va continuer à faire valoir ce point ».