(Washington) La PDG de Siemens USA, qui a récemment écrit une lettre ouverte au président américain Joe Biden en faveur d’un plan sur les infrastructures, a exhorté mardi les politiques à être audacieux, en arguant que les investissements d’aujourd’hui se traduiront par des emplois et de la croissance économique à l’avenir.

« Au moment où des décisions sont prises sur la façon d’investir, de stimuler l’économie, et de nous assurer de revenir aux conditions d’avant la COVID-19, voire mieux, nous disons qu’un dollar investi dans les infrastructures rapportera près de 4 dollars » à l’économie, a déclaré Barbara Humpton sur CNBC.

Alors que le plan de sauvetage de l’économie de 1900 milliards de dollars est désormais sur les rails, les discussions vont bon train en coulisses au Congrès pour voir émerger un plan consacré cette fois aux infrastructures.

Pendant sa campagne, Joe Biden avait évoqué un plan pluriannuel de 2300 milliards de dollars.

Mais démocrates et républicains apparaissent encore très loin d’un accord au Congrès, ces derniers jugeant un tel montant trop élevé. Et la méfiance réciproque régnait dans leurs déclarations publiques mardi.

« Je pense que le cheval de Troie s’appellera “infrastructures”. Mais dans ce cheval de Troie se cacheront toutes les hausses d’impôts », a déclaré le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell.

« Je les soupçonne de vouloir tenter de tout mettre dans ce projet de loi », a-t-il poursuivi devant les journalistes.  

Les démocrates, eux, laissaient entendre qu’ils pourraient opter pour une procédure leur permettant de ne compter que sur leur majorité simple au Sénat, comme pour le plan de relance, en contournant un possible blocage républicain.  

« Nous devons apporter un changement profond et si nos amis républicains le bloquent, alors nous allons réfléchir à la meilleure façon d’avancer », a déclaré le chef de la courte majorité démocrate à la chambre haute, Chuck Schumer.    

« C’est le moment »

Les entreprises ont, elles, commencé leur travail de lobbying. Ainsi une coalition de plus de 140 groupes dirigés par la Chambre de commerce américaine et le Bipartisan Policy Center, a récemment exhorté les législateurs à voter un projet de loi avec comme échéance symbolique le 4 juillet, date de la fête nationale.

Barbara Humpton a souligné que les infrastructures ont toujours donné lieu à un fort clivage politique les dernières décennies.

L’administration Trump avait ainsi présenté en 2018 un plan de 1500 milliards de dollars qui n’a jamais été débattu.

Mais « il n’y a jamais eu de moment aussi propice (qu’aujourd’hui) pour voter un plan sur les infrastructures », a opiné la patronne de Siemens USA, soulignant que moderniser les infrastructures, c’est aussi réduire les inégalités.  

« C’est le moment d’investir de manière audacieuse dans un avenir qui soit plus durable et équitable », avait-elle écrit dans sa lettre ouverte à Joe Biden, le 22 février.

La plupart des autoroutes, routes, ponts, voies ferrées, aéroports et autres infrastructures ont été construits entre les années 1950 et 1970. Et nombre d’entre eux sont dans un piteux état.

Et, depuis des années, les experts tirent la sonnette d’alarme sur les dangers potentiels pour la sécurité des usagers.