(Dubaï) Les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (Mena) doivent accélérer les réformes, notamment la diversification de leurs économies face au profond marasme lié à la pandémie de COVID-19 et à la chute des prix du pétrole, a exhorté le Fonds monétaire international.

Dans sa mise à jour des perspectives économiques publiée lundi, le FMI prévoit une contraction de 5 % des économies de la région cette année, contre une projection de -5,7 % en juillet.

Malgré ce léger mieux, la situation nécessite « un appel à l’action (et à saisir) l’occasion de stimuler la transformation de l’économie et de créer plus d’opportunités, en particulier pour les jeunes », a déclaré à l’AFP Djihad Azour, directeur Moyen-Orient et Asie centrale du FMI.

Cette contraction de 5 % du PIB pourrait entraîner « une hausse du chômage de 5 % », a-t-il mis en garde, alors que le manque d’emplois constitue déjà un fléau social dans de nombreux pays de la région.

Selon la Banque mondiale, le chômage des jeunes atteint actuellement 26,6 %.

Depuis mars, ces pays – dont beaucoup dépendent du pétrole – ont appliqué des restrictions anticoronavirus ayant affecté leurs activités économiques.

Ce ralentissement à l’échelle mondiale a entraîné une baisse de la demande de pétrole, précipitant la chute des cours du brut.

Selon le FMI, le prix moyen du baril de pétrole sera de 41,69 dollars en 2020 et de 46,70 dollars en 2021, loin de la moyenne de 57 à 64 dollars en 2019.

« Nous sommes à un moment important avec des espoirs qu’un vaccin viendra accélérer la reprise, mais il y a aussi des défis, avec le risque d’une seconde vague du coronavirus », a souligné l’expert du FMI.

Lors d’une conférence de presse à distance lundi, il a indiqué que le coronavirus allait « provoquer les dégâts économiques les plus profonds et les plus durables que toute autre période de récession » survenue auparavant dans la région Mena et en Asie centrale.

L’activité économique ne se rétablira pas « avant une décennie », a-t-il poursuivi, prévoyant un déficit budgétaire cumulé de 224 milliards de dollars pour les pays exportateurs de pétrole en 2020.

L’un des pays les plus touchés de la région est le Liban, confronté à sa pire crise économique depuis la guerre de 1975-1990 : il a d’abord vu sa monnaie s’effondrer, avant de subir l’impact de la pandémie et d’une gigantesque explosion meurtrière en août. La pauvreté touche désormais plus de la moitié de la population, et le Liban connaît un nouvel exode.

Selon le FMI, son économie devrait se contracter de 25 % en 2020, soit plus du double de l’estimation d’avril (-12 %).

Alors qu’il se trouve dans une nouvelle impasse politique, « le Liban a besoin d’un programme de réforme complet qui s’attaque aux problèmes les plus profonds », a relevé Djihad Azour, auprès de l’AFP.

L’économie de l’Arabie saoudite, la plus importante du monde arabe, devrait se contracter de 5,4 % cette année, d’après le FMI, ce qui représente une légère amélioration par rapport aux -6,8 % estimés en début d’année.

Pour réduire l’impact négatif du « double choc » de la COVID-19 et de la faiblesse du prix du pétrole, ce poids lourd de l’OPEP doit « accélérer le processus de diversification économique » déjà enclenché avant la pandémie par le prince héritier Mohammed ben Salmane (« Vision 2030 »), a déclaré M. Azour.

Selon lui, « l’investissement dans de nouveaux secteurs », comme les nouvelles technologies, « et le soutien aux petites et moyennes entreprises pourraient être le moteur de la prochaine vague de diversification ».