Les ventes au détail au Canada ont « frappé un mur » en juillet après avoir enregistré de solides gains en mai et juin, ce qui pourrait annoncer une reprise économique lente et cahoteuse.

Après avoir enregistré des gains de plus de 20 % en mai et en juin, les ventes des détaillants ont progressé de 0,6 % en juillet pour se totaliser 52,9 milliards, a indiqué vendredi Statistique Canada. La progression de juillet était surtout alimentée par les ventes des concessionnaires de véhicules automobiles et de leurs pièces, ainsi que celles des stations-service.

Cependant, les ventes au détail de base, qui excluent ces deux sous-secteurs, ont retraité de 1,2 %, a précisé l’agence fédérale. Les ventes des marchands de matériaux de construction et de matériel et fournitures de jardinage ont notamment diminué de 11,6 %. Les ventes au détail de base avaient augmenté de 10,8 % en mai et de 14,1 % en juin.

« On dirait que les ventes au détail ont frappé un mur en juillet », a observé Royce Mendes, économiste principal à la Banque CIBC. « C’est un recul assez marqué après une croissance explosive des dépenses de détail en juin. »

Les économistes s’attendaient à une croissance de 1,0 % des ventes en juillet, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.

Les ventes ont augmenté dans six des onze sous-secteurs étudiés par l’agence fédérale. La croissance de 3,3 % des ventes des concessionnaires de véhicules et de pièces automobiles est celle qui a le plus contribué à la hausse générale. Les ventes des stations-service ont grimpé de 6,1 %.

Robert Carter, conseiller industriel du StratonHunter Group, a souligné que la flambée des ventes d’essence pourrait s’expliquer en partie par les « vacances à la maison ».

« Alors que l’économie s’est ouverte et que les gens pouvaient se déplacer, il y a eu beaucoup de séjours », a-t-il noté.

M. Carter a en outre estimé que la hausse des ventes de véhicules était probablement due à l’amélioration de l’épargne des ménages et à la demande refoulée.

« Les gens ont peut-être senti qu’ils avaient un petit revenu supplémentaire qui leur permettait finalement d’acheter le véhicule qu’ils regardaient depuis un moment. »

Entre-temps, les ventes des magasins d’alimentation ont chuté de 2,1 % en juillet, probablement en raison des réserves faites les mois précédents, a suggéré M. Carter.

« Les gens avaient probablement une quantité plus élevée de produits dans leurs maisons que d’habitude », a-t-il dit. « Je pense que cela a entraîné un léger assouplissement dans la catégorie des dépenses générales des ménages. »

La présidente et chef de la direction du Conseil canadien du commerce de détail, Diane Brisebois, a noté que les derniers chiffres témoignaient d’un ralentissement de la reprise du commerce de détail.

« Les chiffres de juillet continuent de refléter les nombreux défis auxquels sont confrontés les détaillants au cours de cette pandémie », a-t-elle affirmé dans un communiqué.

« Nous pouvons présumer que les chiffres de juin publiés par Statistique Canada le mois dernier comprenaient une certaine demande refoulée pour divers produits et que, par conséquent, les chiffres de juillet présentent vraiment un état plus précis de la vente au détail au Canada. »

Selon M. Mendes, le ralentissement pourrait s’expliquer par un déplacement des dépenses vers le secteur des services.

« Il est possible que les ménages aient, en fait, simplement orienté certaines de leurs dépenses des biens vers les services », a-t-il dit, soulignant que les consommateurs avaient peut-être dépensé davantage pour manger au restaurant ou se faire couper les cheveux.

Une récupération probablement plus lente

Une estimation préliminaire de Statistique Canada suggère que les ventes au détail ont augmenté de 1,1 % en août, a aussi indiqué vendredi Statistique Canada.

Selon M. Mendes, la « phase de récupération » de la réouverture après le confinement de la COVID sera probablement plus lente et plus difficile, comme l’a prédit la Banque du Canada.

Les restrictions en cours et la prudence des ménages entraîneront probablement un ralentissement de la croissance dans les mois à venir, a-t-il poursuivi.

Tout en convenant que les chiffres des prochains mois devraient continuer d’être plus modérés, l’économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, a souligné que les données de vendredi comprenaient également de nombreux points positifs — en particulier l’estimation préliminaire d’août.

« Il est presque réconfortant de voir un rapport économique qui est quelque peu revenu à la « normale » dans le gain modéré des ventes au détail d’aujourd’hui », a-t-il affirmé dans une note aux clients.

« Alors que le gain mis de l’avant en manchette était un peu timide par rapport aux attentes, le portrait beaucoup plus large et plus important est que l’activité de vente au détail et de gros vient connaître des rebonds parfaits en forme de V. »