(Ottawa) Le marché du travail canadien a gagné le mois dernier 419 000 emplois, une hausse de 2,4 %, alors que davantage de secteurs de l’économie ont été autorisés à rouvrir, indiquent les données rendues publiques vendredi par Statistique Canada.

Le taux de chômage national était de 10,9 % en juillet, en baisse par rapport à 12,3 % en juin et au niveau record de 13,7 % en mai. Malgré ce recul, près de 2,2 millions de Canadiens étaient sans emploi en juillet, soit près de deux fois plus qu’en février (1,1 million), avant le début de la crise provoquée par la COVID-19.

Au Québec, le taux de chômage a reculé de 1,2 point de pourcentage pour s’établir à 9,5 % en juillet. L’emploi au Québec a augmenté de 2,4 % le mois dernier, une hausse qui s’ajoute à celles observées au cours des deux mois précédents et ramène l’emploi à 94,4 % de son niveau observé avant la crise.

Sous ce portrait global, l’agence de la statistique a compilé de nouvelles données qui illustrent l’impact inégal de la pandémie sur les différents segments de la main-d’œuvre : les taux de chômage étaient bien supérieurs à la moyenne parmi les travailleurs racisés.

Les travailleurs sud-asiatiques, arabes et noirs affichaient ainsi des taux de chômage non désaisonnalisés de 17 % ou plus, avec des taux encore plus élevés pour les femmes que pour les hommes, comparativement à un taux de 9,3 % pour les personnes qui ne se sont pas identifiées comme faisant partie d’une minorité visible ou d’une communauté autochtone.

Selon Statistique Canada, les taux plus élevés chez les travailleurs racisés pourraient être liés, en partie, à leur plus grande présence dans les secteurs les plus durement touchés par les fermetures liées à la pandémie, comme l’hébergement et les services de restauration, où l’emploi a chuté de plus de la moitié en mars et avril.

C’est la première fois que l’enquête mensuelle sur la population active de Statistique Canada compile des données décomposées selon l’ethnicité. Les données de juillet permettent ainsi de dresser un portrait nuancé des impacts de la crise sur les femmes, les jeunes, les travailleurs à faible salaire et les personnes issues des minorités visibles.

Les données globales ont été légèrement meilleures qu’attendu en juillet. Les économistes tablaient sur un gain de 400 000 emplois et un taux de chômage de 11 %, selon la société de données des marchés financiers Refinitiv.

Avec les 953 000 emplois gagnés en juin et les 290 000 en mai, le Canada était à 1,3 million (-7 %) du niveau d’emplois en février, avant la crise de la COVID-19.

Le rythme de la hausse ralentit

« Le rythme de l’augmentation de l’emploi a ralenti en juillet par rapport au mois précédent, et cela deviendra probablement une tendance alors que le rythme de l’assouplissement des restrictions ralentit également et que le nombre de Canadiens mis à pied temporairement diminue », a écrit l’économiste principal de la CIBC, Royce Mendes, dans une note.

« La bonne nouvelle, c’est qu’avec un faible nombre de cas du virus au Canada pour le moment, le pays n’est pas confronté à un risque immédiat de devoir à nouveau réduire ses activités. »

La plupart des gains d’emploi en juillet concernaient le travail à temps partiel, qui s’est accru de 345 000 postes (11,3 %), tandis que le nombre de postes à temps plein a augmenté de 73 000 (0,5 %).

Les gains dans l’emploi à temps partiel ont dépassé ceux constatés dans le travail à temps plein au cours de chacun des trois derniers mois, souligne Statistique Canada. « L’emploi à temps partiel est maintenant plus près de son niveau observé avant la COVID-19 (-5 %) que l’emploi à temps plein (-7,5 %) », indique l’agence.

Près de 30 % des personnes travaillant moins de 30 heures par semaine en juillet auraient préféré travailler à temps plein, une augmentation par rapport aux 22,2 % enregistrés un an plus tôt.

Selon Statistique Canada, ces chiffres laissent penser que les employeurs limitent pour le moment le nombre d’heures offertes à leurs employés, même si les restrictions liées à la pandémie s’atténuent.

Le nombre de personnes qui voulaient travailler, mais n’ont pas cherché d’emploi, « probablement pour des raisons associées à la crise économique liée à la COVID-19 », a diminué de 28 % (-266 000) en juillet, ce qui représente une baisse pour le troisième mois consécutif.