La journée de jeudi s’annonçait particulièrement dramatique lorsque les États-Unis ont confirmé au petit matin leur entrée officielle en récession : ils ont enregistré une chute de 32,9 % de leur économie au deuxième trimestre, du jamais vu dans l’histoire du pays. Il y avait un fort potentiel de déferlement de fureur sur les marchés boursiers, mais les indices nord-américains ont encaissé la nouvelle sans trop de dégâts. Il faut dire que tout le monde s’attendait à ce que les États-Unis mènent le bal de la récession mondiale.

Après avoir enregistré une baisse de 5 % de son activité au cours du premier trimestre, par rapport au trimestre précédent, l’économie américaine a intensifié son ralentissement au cours du deuxième trimestre en encaissant une chute de 32,9 % par rapport aux trois premiers mois de l’année.

Par rapport à l’an dernier, le produit intérieur brut (PIB) américain affiche un recul de 9,5 % au cours du deuxième trimestre, ce qui représente là encore un sommet jamais atteint depuis que l’on collige des statistiques sur la croissance économique aux États-Unis.

L’activité économique américaine avait subi un repli de 5 % au cours du premier trimestre en raison du fort ralentissement observé durant le mois de mars lorsque la pandémie de coronavirus a fait ses premiers ravages.

Bien que l’activité industrielle et commerciale ait enregistré une forte reprise en mai et en juin, le retour poussif à la normale n’a pas permis d’enrayer les effets négatifs du long confinement, qui a paralysé l’économie américaine durant le mois d’avril et une bonne partie de mai.

Les États-Unis, qui avaient enregistré une hausse de 2,3 % de leur PIB en 2019, devraient maintenant terminer l’année avec un recul de 8 % de leur PIB, selon les plus récentes estimations du Fonds monétaire international (FMI) formulées à la fin de juin. La Réserve fédérale américaine, plus optimiste, a tablé jeudi sur une contraction de 6,5 % pour l’ensemble de 2020.

Chose certaine, la première puissance économique mondiale participera de plain-pied au recul de l’activité économique mondiale, qui pourrait être de 4,9 % pour l’année, selon le FMI.

Les États-Unis ne sont pas les seuls à avoir enregistré un recul économique historique au cours du deuxième trimestre. L’économie mexicaine s’est contractée de 17,3 % durant la même période, alors que l’Allemagne affiche un recul de 10,1 % de son PIB pour la même période.

Reprise fragilisée

Jeudi, en début de journée, tout laissait croire que la confirmation de la récession aux États-Unis allait provoquer un carnage sur les marchés boursiers. Déjà, en Europe, les indices avaient fortement reculé en raison des résultats financiers désastreux de nombreux grands groupes industriels.

Après avoir encaissé une chute rapide de plus de 400 points, l’indice Dow Jones a réussi à terminer la journée en ramenant ses pertes à moins de quelque 225 points, soit une baisse de moins de 1 % de sa valeur.

On est loin des séances boursières explosives du mois de mars, lorsque les indices pouvaient perdre jusqu’à 10 % de leur valeur en une seule journée et lorsque les économistes de la Bank of America et de JPMorgan prédisaient respectivement une contraction de 12 % et de 14 % du PIB américain durant le deuxième trimestre.

Le recul de 9,5 % de l’économie américaine a beau être la pire performance enregistrée depuis la Grande Dépression des années 30, il n’a pas atteint les proportions que beaucoup appréhendaient et qui avaient alimenté l’hystérie des investisseurs.

Mais n’empêche, les chiffres du deuxième trimestre nous indiquent que l’économie américaine peine à reprendre le dessus, alors que les dépenses à la consommation et les exportations des entreprises restent faibles et n’affichent aucune traction.

Pire encore, l’explosion de nouveaux cas de personnes contaminées par le coronavirus a forcé de nombreux États à réintroduire des mesures de confinement, repoussant des centaines de milliers d’Américains aux guichets de l’assurance chômage.

Les chiffres de la seule dernière semaine sont alarmants alors que plus de 1,4 million de travailleurs se sont inscrits pour obtenir des prestations d’urgence.

Le mouvement de reprise que l’on a observé en mai et en juin ainsi que les gains économiques qui ont été réalisés durant ces deux mois sont en train de s’étioler lentement et fragilisent grandement la solidité d’une vraie relance économique.

Et, fidèle à ses habitudes, malgré l’état d’urgence économique que les statistiques nous démontrent clairement, le président des États-Unis continue à faire du déni en laissant maintenant planer la possibilité de reporter l’élection présidentielle de novembre en raison des risques de manipulation qu’un vote par la poste poserait.

Même dans le chaos le plus complet, Donald Trump a le don d’en rajouter pour rendre la situation générale encore plus inextricable. Vite un vaccin et vite des élections pour sortir les États-Unis de la récession.