(Washington) La résurgence de la pandémie représente « le principal risque » pour l’économie américaine qui a enregistré une contraction historique de 37 % au deuxième trimestre, a prévenu vendredi le Fonds monétaire international à l’issue de son examen annuel.

L’administration Trump a publié des données plutôt favorables pour mai et juin telles que les mises en chantier de logements, vendredi, qui ont bondi de 17,3 % le mois dernier, signe que l’activité frémit aux États-Unis.

Mais, la résurgence de la pandémie depuis fin juin/début juillet – « le risque le plus difficile à quantifier » –, a déjà entraîné « un ralentissement » dans certains États du pays et une « annulation partielle » des décisions de réouverture, constate le FMI. De quoi faire dérailler la reprise entamée en mai.

L’institution de Washington, qui table sur une récession de 6,6 % cette année, met également en garde contre la possibilité d’augmentation « systémique de la pauvreté ».

D’autant que bien avant la pandémie, le taux de pauvreté était déjà élevé comparé à celui d’autres économies avancées.

Près d’un Américain sur six n’a pas pu payer son loyer en juin et près d’un sur trois est inquiet pour l’échéance de juillet, a indiqué vendredi le Bureau des statistiques américain.

Plusieurs dizaines de millions d’Américains ont perdu leur emploi en raison de la paralysie de l’économie américaine au printemps dans un effort pour endiguer la pandémie.

Ils étaient 32 millions à être inscrits au chômage fin juin, contre 1,6 million un an plus tôt, selon le département du Travail.

« De nouveaux efforts politiques seront nécessaires pour lutter contre la pandémie et pour s’attaquer à un éventail de défis socio-économiques profondément enracinés qui continuent d’affliger les États-Unis », souligne le FMI qui a toutefois salué « les efforts sans précédent » faits au printemps pour aider les foyers et les entreprises les plus vulnérables.

Le pays était déjà confronté à de fortes inégalités sociales malgré une décennie d’expansion économique, constate-t-il, soulignant « une importante dimension raciale de la pauvreté aux États-Unis », les Afro-Américains et les Hispaniques étant plus susceptibles de tomber dans la pauvreté que les ménages blancs.

Le Fonds appelle les États-Unis à prendre une série de mesures pour stimuler la demande, améliorer la préparation aux crises sanitaires et soutenir les plus vulnérables.  

Signe d’une reprise fragile, la confiance des consommateurs s’est déjà érodée début juillet en raison de la forte hausse des contaminations dans le pays, selon l’Université du Michigan.

Priorité à l’éducation

La consommation est le principal moteur de la croissance, comptant à hauteur de 70 % du produit intérieur brut.

Or, la confiance des ménages pourrait encore se dégrader à l’avenir « car le coronavirus se propage et cause des dommages économiques continus, des perturbations sociales qui devraient laisser des cicatrices permanentes », a mis en garde vendredi Richard Curtin, l’économiste en chef chargé de l’enquête.  

Selon lui, de nouvelles mesures d’aide du gouvernement sont indispensables.  

Mais, quand bien même le gouvernement appliquait des allégements financiers pour les ménages les plus vulnérables, cela ne stimulera pas suffisamment leurs dépenses de consommation « nécessaires pour rétablir rapidement l’emploi et les revenus aux niveaux d’avant crise », dit-il.

Il faut agir vite, souligne-t-il, alors que la campagne électorale va s’intensifier à l’approche du scrutin de novembre.

« Sans action, une nouvelle chute de confiance et une récession plus longue risquent de se produire », avertit l’économiste.

Les deux anciens présidents de la Réserve fédérale américaine, Janet Yellen et Ben Bernanke, ont également plaidé vendredi dans ce sens, « de nouvelles actions sont nécessaires ».

Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a, lui, redit devant le Congrès que le prochain paquet d’aides ira à destination des secteurs durement frappés par la crise économique.

La pandémie a fait près de 138 400 morts aux États-Unis et infecté plus de 3,59 millions de personnes, selon les données de Johns Hopkins.

Parmi les nombreuses préconisations, le FMI appelle au soutien des collectivités locales pour préserver la santé, l’éducation, les programmes d’aide sociale.

« Améliorer les possibilités d’éducation en augmentant les dépenses consacrées à l’éducation de la petite enfance, à l’enseignement préscolaire et aux programmes de sciences, de technologie, d’ingénierie et de mathématiques » est essentiel, relève-t-il.  

Il invite enfin à « repenser » le modèle de financement des écoles publiques afin de fournir davantage de ressources aux écoles avec une concentration sur les élèves pauvres.