L’appel aux champs a été entendu. Près de 2300 Québécois ont soumis leur candidature pour aller prêter main-forte aux agriculteurs depuis que le gouvernement Legault a annoncé vendredi qu’il débloquait 45 millions pour verser des bonus de 100 $ par semaine à ceux qui iront travailler à la ferme.

Cette volonté collective de vouloir mettre littéralement les mains dans la terre a « agréablement surpris » le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau. « J’avais un petit doute sur l’intérêt réel [des gens], admet-il. Devant tous les programmes d’aide gouvernementale, je me disais : est-ce qu’on va être capable de convaincre des gens de venir travailler sur nos fermes, au salaire minimum plus 100 $ par semaine ? »

L’annonce du gouvernement la semaine dernière pour combler les besoins en main-d’œuvre a visiblement suscité la curiosité de nombreux Québécois, constate par ailleurs M. Groleau. En quatre jours seulement, le site emploiagricole.com – plateforme où les gens peuvent s’inscrire pour aller travailler – a reçu 71 000 visiteurs. « Vendredi soir, le site a flanché, raconte-t-il. Il y avait trop d’achalandage. » Et lors de son point de presse mardi, le premier ministre François Legault a souligné fièrement que l’UPA recevait en ce moment beaucoup d’appels de la part de gens intéressés à travailler aux champs.

Rappelons que ce mouvement pour un retour à la terre a été lancé devant l’incertitude entourant l’arrivée des travailleurs saisonniers étrangers au pays. Normalement, en vertu des ententes signées, quelque 10 000 travailleurs, pour la plupart en provenance du Mexique et du Guatemala, devraient atterrir au Québec d’ici la fin de juin. Or, pour le moment, ils ne sont que 2000 à être arrivés à destination. Des retards administratifs – causés par la COVID-19 – et la fermeture des frontières rendent la venue des travailleurs plus compliquée, explique M. Groleau. En lançant cet appel, le gouvernement Legault, qui souhaite aussi encourager l’autonomie alimentaire, s’est fixé comme objectif d’attirer 8500 travailleurs québécois.

Combien de travailleurs ?

Va-t-on y arriver ? Difficile pour le moment d’évaluer les besoins, selon Geneviève Lemonde, directrice générale d’Agricarrières, comité sectoriel de main-d’œuvre de la production agricole. « On ne sait pas encore combien de travailleurs étrangers vont arriver ici », souligne-t-elle.

« Il va falloir poursuivre notre campagne, ajoute Marcel Groleau. On va mousser un peu tout ça. »

L’UPA a notamment l’intention de présenter de courtes vidéos de travailleurs ayant décidé d’aller donner un coup de main aux agriculteurs pour tenter de convaincre les indécis.

Les premiers candidats retenus devraient recevoir un appel d’ici les prochaines semaines, dépendamment de la région où ils travailleront. Pour le moment, c’est en Montérégie que les besoins sont les plus criants.