La « récession de pandémie » qui débute risque de frapper plus fort au Canada qu’aux États-Unis, avertit le géant américain des marchés obligataires, la société Pimco, après que ces analystes aient pris connaissance des mesures d’aide financière d’urgence aux citoyens et aux entreprises annoncées cette semaine par le gouvernement fédéral et la Banque du Canada.

« Après les baisses de taux d’intérêt (cumulant 1 %) et les efforts de stabilisation des marchés monétaires et obligataires par la Banque du Canada, le parlement canadien vient d’adopter un plan de mesures d’aide financière d’urgence estimé à 82 milliards au cours des prochaines semaines, dont 27 milliards en support direct aux travailleurs et aux entreprises, ainsi que 55 milliards en charges fiscales reportées », signalent les analystes de Pimco, dans une note distribuée jeudi à sa clientèle d’investisseurs institutionnels.

Mais en dépit de leur ampleur initiale, selon Pimco, ces mesures de soutien financier, monétaire et fiscal pourraient être encore « insuffisantes » pour atténuer la gravité de la récession qui débute au Canada à un niveau comparable à celle qui débute aux États-Unis.

Trois motifs

Les analystes de Pimco appuient leur sombre pronostic sur trois motifs principaux.

D’une part, ils soulignent la « plus grande vulnérabilité » de l’économie canadienne aux soubresauts du PIB mondial et du prix du pétrole, soudainement très négatifs pour une durée indéterminée.

D’autre part, ils citent le « taux d’endettement plus élevé » des ménages au Canada avant même que survienne la débâcle de leurs revenus d’emploi.

Les analystes de Pimco notent que le secteur pétrolier compte pour environ 8 % du PIB canadien, comparativement à 3 % aux États-Unis.

Quant à l’impact d’une soudaine récession de l’économie mondiale, les analytes de Pimco signalent que les exportations de biens et services pèsent pour un peu plus du tiers (36 %) du PIB canadien, comparativement à 11 % aux États-Unis.

Enfin, les analystes de Pimco notent que le taux d’endettement des ménages canadiens s’élève à 100 % du PIB, en hausse de 30 points de pourcentage sur dix ans. En comparaison, aux États-Unis, l’endettement des ménages se situe à 75 % du PIB, en baisse de 30 points depuis dix ans.

Faire davantage

Dans ce contexte, selon Pimco, « bien que le Canada ait de solides programmes de protection sociale, les autorités fiscales, financières et monétaires devront probablement faire davantage en matière de soutien direct aux entreprises et aux ménages pendant cette période de grandes perturbations s’ils veulent éviter des faillites généralisées. »

Entre autres, prévoient les analystes de Pimco, « le gouvernement canadien pourrait devoir doubler (de 80 à 160 milliards ?) son soutien budgétaire aux particuliers et aux entreprises ».

Aussi, « la Banque du Canada pourrait devoir abaisser les taux d’intérêt à zéro », en plus d’avoir à « intervenir davantage pour soutenir les marchés du crédit, y compris celui des obligations gouvernementales. »