(Montréal) La crise du coronavirus nous aura fait découvrir que notre bien-être dépend en partie de travailleurs souvent peu rémunérés et maintenant qualifiés d’essentiels.

« C’est ironique », a lancé en entrevue mercredi Daniel Boyer, le président de la FTQ, qui représente plus de 600 000 travailleurs au Québec.

Il y a quelques mois, des préposés aux bénéficiaires dans les résidences privées pour aînés — membres du Syndicat québécois des employés de service, affilié à la FTQ — faisaient la grève pour obtenir 15 $ l’heure. Ils touchent 13 $ à 14 $ l’heure.

Aujourd’hui, on leur dit qu’ils sont essentiels, comme les employés de soutien et des cuisines dans ces résidences privées.

Les travailleurs dans les épiceries touchent un salaire d’entrée à peine plus élevé que le salaire minimum ; ce salaire peut tout de même grimper jusqu’à 18 $ l’heure.

Maintenant vus comme essentiels, ils viennent d’obtenir une prime temporaire de 2 $ à cause de la crise du coronavirus, au grand plaisir du syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce, affilié à la FTQ, qui en représente des milliers.

« Ça va peut-être augmenter la notoriété de ces gens-là et leur permettre d’obtenir des conditions décentes », a souligné M. Boyer.

Et les services publics

Cette crise nous fait aussi découvrir l’importance des services publics, croit M. Boyer : les fonctionnaires de l’assurance-emploi, ceux qui dispensent d’autres services gouvernementaux, les chauffeurs d’autobus et opérateurs de métro, les employés de soutien dans les hôpitaux, en plus des travailleurs de la santé, de l’éducation et des services de garde.

« Des gens disaient “en éducation, ils sont gras dur”, ils disaient que les fonctionnaires ne travaillent pas. Or, on constate aujourd’hui qu’on a besoin de ces gens-là, qu’on est chanceux d’avoir un filet social plus important qu’ailleurs. On a besoin d’eux et je leur lève mon chapeau », a lancé M. Boyer.

La plus grande centrale syndicale du Québec représente justement ces travailleurs au front : camionneurs, livreurs de colis, employés d’entretien ménager, agents de sécurité, caissières et commis dans les supermarchés, employés dans les abattoirs, chauffeurs d’autobus et opérateurs de métro, préposés aux bénéficiaires dans le privé et le public, employés de soutien dans les hôpitaux, travailleurs dans les usines de pâtes et papier, d’emballages et de boîtes de carton, travailleurs dans l’aluminium. Et ses ouvriers de la construction travaillaient encore il y a quelques jours.