(Québec) Québec a prévu des « dépenses importantes » dans le budget qu’il présentera mardi afin de faire face aux impacts économiques du coronavirus, soutient le premier ministre François Legault. Et si la situation empire, il évoque pour la première fois l’idée de piger dans la réserve de stabilisation.

Lors d’une mêlée de presse à Montréal en marge d’un événement, lundi, il a expliqué que le gouvernement doit « accélérer » ses dépenses dans de telles circonstances, mais « de façon raisonnable », sans plonger en déficit.

« Le gouvernement doit faire des efforts pour stimuler l’économie dans cette période d’incertitude », a-t-il fait valoir.

Dans le budget de son ministre des Finances Eric Girard, il y aura des « dépenses importantes » dans les grands ministères et les infrastructures.

« On a déjà prévu des moyens, et si c’est nécessaire d’en faire plus, il y a une réserve de stabilisation importante qui est disponible pour en faire plus », a signalé M.  Legault.

Cette réserve, constituée des surplus passés, s’élève maintenant à 14 milliards de dollars selon lui. Le gouvernement pourrait y recourir au besoin. « On est dans une situation où on est prêts à faire face au risque important qui pourrait y avoir dans l’économie du Québec », a-t-il dit.

Rappelons que la réserve de stabilisation « n’est pas de l’argent en banque », comme l’a déjà expliqué le ministère des Finances. Cette cagnotte a plutôt réduit la dette brute au fil des ans. Mais en vertu de la loi, la réserve peut être utilisée par le gouvernement, au moment d’un ralentissement économique, « pour équilibrer le budget sans que des gestes additionnels soient requis, comme une baisse des dépenses ou une hausse des revenus ». Mais pour cela, il doit emprunter la somme nécessaire et la rembourser par la suite, toujours selon les explications des Finances.

« On a fait des surplus les cinq dernières années, et les finances publiques sont saines. Il serait normal que le cadre financier soit à l’équilibre sur l’ensemble de la prévision », a indiqué pour sa part le ministre des Finances, Eric Girard.

Les grandes décisions du budget ont été prises il y a trois semaines, et les documents ont été finalisés il y a une dizaine de jours. Les récents événements, comme la volatilité des marchés boursiers, n’ont pas poussé le gouvernement à revoir son cadre financier. « Déjà, quand on préparait le budget, on voyait des nuages. On était conscient, l’épidémie (de coronavirus) avait commencé, et on en a pris acte », a plaidé le ministre.

Selon lui, « la position du Québec est enviable » et « les fondements de l’économie du Québec sont solides ». « Cette position de force qu’on a va nous permettre de faire face aux perturbations économiques, quelles qu’elles soient », a soutenu le grand argentier du gouvernement.

Les prévisionnistes estiment que la croissance de l’économie mondiale sera limitée à un demi-point de pourcentage cette année, une situation qui aura un impact « gérable et marginal » sur l’économie du Québec, a ajouté M. Girard qui, au lieu de porter des souliers neufs la veille de son budget comme le veut la tradition, a chaussé des patins en compagnie de sa collègue et ex-olympienne Isabelle Charest à l’anneau de glace des Plaines d’Abraham. Le ministre a changé les lames de ses patins pour acheter celles de STEP, une entreprise de Québec.

De son côté, le Parti libéral du Québec demande au gouvernement de créer une provision d’un milliard de dollars en vue d’un ralentissement économique. Son porte-parole en matière de finances, Carlos Leitão, a rappelé la chute des marchés boursiers et du prix du pétrole, tout comme la baisse d’un demi-point de pourcentage du taux directeur de la Banque du Canada – une première depuis la crise de 2008. Ce sont des signes précurseurs d’un ralentissement économique dont le gouvernement doit tenir compte, a-t-il insisté.

Par ailleurs, François Legault a indiqué qu’il n’est nécessaire pour l’instant d’annuler de grands événements en raison du COVID-19, comme les mondiaux de patinage artistique à Montréal prévus à la mi-mars. « On ne sent pas le besoin de poser des interdictions au niveau des événements importants. Je comprends que dans certains pays on doive le faire, mais au Québec, pour l’instant, la situation n’est pas inquiétante », a-t-il affirmé.