Des voix s'élèvent pour demander à Ottawa de mettre de côté un rapport fédéral suggérant que rien ne justifie l'imposition de tarifs douaniers de 25 % sur les importations de certains types d'acier.

Alors que l'industrie sidérurgique canadienne est visée par des tarifs de 25 % aux États-Unis et que rien ne laisse présager un dénouement, des milliers d'emplois sont en jeu, estiment l'Association canadienne des producteurs d'acier (ACPA) et le Syndicat des Métallos.

Le coordonnateur québécois du syndicat, Alain Croteau, est d'ailleurs dans la capitale fédérale cette semaine afin de sensibiliser l'entourage du ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, aux répercussions du rapport.

« Sans mesure de sauvegarde définitive, on va se faire inonder par les produits d'autres pays, qui eux, protègent leurs marchés, a-t-il expliqué, lundi. En plus, avec le tarif de 25 % aux États-Unis, on a de la difficulté à vendre de l'acier au sud de la frontière. »

Craignant du dumping, Ottawa avait décidé, en octobre dernier, d'imposer des mesures de sauvegarde - un tarif de 25 % - à sept types d'acier étranger lorsque les importations dépassaient certains seuils.

Or, dans un volumineux rapport déposé la semaine dernière, le Tribunal canadien du commerce extérieur (TCCE) estime notamment que cette mesure n'était pas justifiée pour cinq catégories d'acier. Le contenu du document ne lie toutefois pas le ministre des Finances.

Trois de ces catégories, le fil machine - qui se retrouve dans une multitude de produits comme les ressorts et les pièces automobiles -, les barres d'armature de construction et les tubes, sont produites chez ArcelorMittal à Contrecoeur et Novatube à Montréal.

« On représente à peu près 1000 personnes dans ces usines, a dit M. Croteau. Mais dans l'industrie, on parle de 2000 à 3000 travailleurs. On va tuer l'industrie si on ne fait rien. »

Le leader syndical estime que l'industrie canadienne pourrait se retrouver coincée par l'arrivée d'acier à bas prix sur son territoire ainsi que par une incapacité à écouler les stocks aux États-Unis en raison des tarifs.

ArcelorMittal a référé les questions sur le sujet à l'ACPA, mais sur son site web, le géant sidérurgique plaide néanmoins en faveur de l'imposition de mesures de sauvegarde définitives pour sept catégories de produits d'acier.

Par exemple, dans le cas du fil machine, le TCCE écrit qu'entre 2015 et 2017, la période étudiée, le volume des importations canadiennes est demeuré essentiellement similaire, sans toutefois éventer les données précises.

« Il y a eu une augmentation de 31 % des importations en 2016, mais une baisse de 24 % en 2017, si bien que les importations n'ont augmenté que faiblement de 2015 à 2017 », peut-on lire.

Les mesures de sauvegardes temporaires adoptées l'automne dernier viendront à échéance, dépendamment de la catégorie, le 28 avril ainsi que le 12 mai. D'ici là, rien n'empêche toutefois le gouvernement Trudeau de prolonger les mesures de sauvegarde jusqu'à nouvel ordre.

Par courriel, Pierre-Olivier Hébert, un porte-parole du ministre Morneau, a indiqué qu'une décision devrait être prise rapidement dans ce dossier.

« Notre gouvernement examine attentivement les conclusions et les recommandations du TCCE avant de décider des prochaines étapes et y donnera suite au cours des prochaines semaines », a-t-il écrit.

Alors que la prochaine campagne électorale fédérale approche à grands pas, le coordonnateur québécois des Métallos s'attend à ce que le gouvernement Trudeau entende son message, étant donné qu'à son avis, plusieurs emplois sont en jeu.

En plus de tarifs de 25 % sur les importations d'acier canadien, l'administration Trump a également appliqué une taxe douanière de 10 % à l'aluminium en provenance du Canada il y a un peu moins d'un an.