Le rapport d'experts sur la formation des grutiers, publié à la suite de la grève de juin dernier, a été bien reçu dans le milieu syndical. La Commission de la construction, quant à elle, se félicite de certains aspects, mais reste perplexe devant d'autres.

Ce rapport sur l'aspect sécuritaire du règlement sur la formation des grutiers avait été commandé après la grève illégale des grutiers, qui avait paralysé l'ensemble des chantiers de construction du Québec pendant près de 10 jours, en juin dernier.

Le comité d'experts a estimé que le Programme de formation en entreprise, dans sa forme actuelle, était « insuffisant pour assurer l'apprentissage et l'intégration des notions de base nécessaires à la conduite sécuritaire d'une grue ». Il a recommandé entre autres de compléter cette formation en entreprise par l'ajout d'une formation initiale obligatoire qui viserait l'acquisition des notions de base pour conduire une grue de façon sécuritaire. Entre-temps, il recommande de suspendre toute nouvelle inscription au programme.

Sur la question litigieuse des camions-flèches - les « boom trucks » - le comité recommande de réserver l'accès à la formation et à la qualification aux compagnons non grutiers qui conduisent actuellement un camion-flèche. Il recommande de vérifier si les compagnons qui ont réussi la formation pour camion-flèche « ont acquis et mettent en pratique les notions essentielles à la conduite sécuritaire d'une grue ». Et il recommande de créer un sous-comité pour évaluer et contribuer à la mise en oeuvre de la formation pour camion-flèche.

Syndicats

Les deux principaux syndicats de grutiers, la section locale 791-G de la FTQ-Construction et la section locale 905 du Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), se sont réjouis d'avoir été écoutés par le comité.

« On est content d'avoir été entendu. Ça a toujours été notre position à la section locale de la FTQ-Construction et pour les grutiers, que la sécurité, c'était primordial et que ça passe par une formation adéquate », a commenté le directeur général de la FTQ-Construction, Éric Boisjoly, en entrevue avec La Presse canadienne, jeudi.

« Le comité a entendu les inquiétudes des travailleurs et envoie un message fort à la CCQ qui a vraisemblablement erré dans sa façon de traiter le dossier des grutiers », a commenté de son côté Michel Trépanier, président du Conseil provincial.

Après avoir pris connaissance du rapport et des déclarations du ministre du Travail, Jean Boulet, M. Boisjoly reste tout de même sur ses gardes. « Il faut être prudent, quand même, car on ne sait pas ce que le ministre va en faire. »

En fait, le ministre a déjà indiqué qu'il allait tenir une journée de consultation avec les parties intéressées d'ici deux à trois semaines, dans le but de s'assurer de « l'applicabilité » des recommandations du rapport. Les syndicats y seront conviés, tout comme les entrepreneurs, la CCQ, la CNESST (Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail) et les deux experts. Ensuite, il prendra « la décision qui s'impose », avait-il confié en entrevue.

Commission de la construction

Du côté de la Commission de la construction du Québec, on s'est réjoui du fait que le comité d'experts accueille favorablement l'obligation pour les compagnons non-grutiers de suivre une formation qui mène à un examen de qualification, « puisque celle-ci a pour but de corriger une situation préoccupante, présentant de sérieux risques pour la conduite sécuritaire de ce type de grues ».

La CCQ s'est cependant montrée perplexe quant à la partie du rapport portant sur la formation initiale obligatoire. « En ce qui concerne la recommandation principale du rapport, qui consiste à exiger une formation initiale obligatoire avant la délivrance d'un certificat de compétence apprenti à un candidat non diplômé, la CCQ n'a pas l'autorité de la mettre en oeuvre. En effet, sa responsabilité en matière de compétence de la main-d'oeuvre se limite à celle qui est déjà dans l'industrie de la construction », a-t-elle objecté.