(Pékin) La croissance chinoise fait de la résistance : déjouant les prévisions, elle s’est stabilisée à 6,4 % sur un an au premier trimestre, en dépit d’une demande mondiale en baisse et de la guerre commerciale avec Washington.

Le chiffre a été annoncé mercredi par le Bureau national des statistiques (BNS), de concert avec une salve d’indicateurs plutôt rassurants sur la santé économique de la Chine.

« L’économie nationale a fait montre d’une performance stable, avec davantage de facteurs positifs », entraînant « une confiance du marché renforcée », s’est félicité Mao Shengyong, porte-parole du BNS.

En 2018, la croissance chinoise avait connu un fort ralentissement à chaque trimestre (6,8 %, 6,7 %, 6,5 %, 6,4 %), dans un contexte d’efforts de désendettement des autorités et de tensions commerciales avec l’administration Trump.

Mais au premier trimestre 2019 le PIB s’est accroché, et sa progression s’est même avérée supérieure à la prévision médiane de 12 analystes interrogés par l’AFP, qui s’attendaient à un taux de 6,3 %.

« Compte tenu du ralentissement de la croissance économique mondiale et du commerce international, des incertitudes internationales croissantes et d’importants problèmes structurels internes, […] la pression à la baisse sur l’économie persiste », a nuancé Mao Shengyong.

Pour soutenir l’économie réelle, le gouvernement chinois s’est engagé en mars à baisser de près de 2000 milliards de yuans (265 milliards d’euros) la pression fiscale et sociale sur les entreprises.

Chômage en baisse

Pékin joue également les équilibristes, en essayant de soutenir les entreprises ayant besoin de crédit, mais sans trop gonfler leur endettement (lequel s’élève déjà à 155 % du PIB selon l’OCDE).

Les banques chinoises ont ainsi été encouragées à gonfler leurs prêts aux PME, jusque-là délaissées au profit des grands groupes publics, souvent peu rentables.

« Avec la hausse des prêts qui s’accélère et l’état d’esprit du marché qui s’améliore, l’économie chinoise va repartir à la hausse dès qu’elle aura touché son point bas, si ce n’est déjà le cas », prévoit Julian Evans-Pritchard, économiste au cabinet Capital Economics.

Pékin a annoncé un objectif de croissance compris entre 6 % et 6,5 % cette année – après les 6,6 % enregistrés en 2018, son score le plus bas depuis 28 ans.

Malgré cet objectif plus modeste, le taux de chômage urbain, facteur crucial pour assurer la paix sociale, a légèrement baissé de février à mars, passant de 5,3 % à 5,2 %.

La Chine tâche de poursuivre le rééquilibrage de son économie, au détriment des industries lourdes et au profit de la consommation intérieure.

Les ventes de détail sont justement restées solides au premier trimestre, à +8,2 % sur un an, a annoncé le BNS. Un chiffre rassurant alors que les exportations ont chuté sur la même période, signe d’une demande mondiale plus faible.  

Relance terminée ?

Autre facteur positif : les investissements en capital fixe ont progressé sur un an de 6,3 % au premier trimestre, en légère hausse sur janvier-février (6,1 %).

La production industrielle, quant à elle, a enregistré une croissance plus forte, progressant de 6,5 % au premier trimestre sur un an – soit +1,2 point par rapport à janvier-février.

Avec une économie qui semble ainsi se stabiliser, Pékin pourrait s’abstenir d’aller plus loin dans les mesures de relance, préviennent des analystes.

« La banque centrale semble afficher davantage de prudence vis-à-vis d’un nouvel assouplissement », estime Raymond Yeung, de la banque ANZ. « Selon nous, les décideurs vont réévaluer la nécessité de mesures de stimulation supplémentaires », a-t-il indiqué dans une note.

Volet rassurant : la guerre commerciale Pékin-Washington, qui leste depuis l’an passé l’économie chinoise, semble proche d’une résolution après une série de neuf rencontres de haut niveau entre négociateurs des deux côtés du Pacifique.

Aucune date n’a toutefois encore été annoncée pour la signature d’un accord entre le président américain Xi Jinping et son homologue américain Donald Trump.

Les deux pays s’imposent mutuellement des droits de douane portant sur plus de 360 milliards de dollars d’échanges annuels.