La croissance américaine a montré au deuxième trimestre de nouveaux signes de faiblesse qui pourraient raviver le débat entre les candidats à la Maison-Blanche sur l'état de santé économique du pays.

Entre avril et juin, le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis a crû de 1,2% en rythme annualisé, marquant une très légère accélération par rapport à un premier trimestre déjà morose (+0,8%), selon les données publiées vendredi par le département du Commerce.

Cette performance poussive, qui a déçu les analystes, pourrait donner du grain à moudre au candidat républicain Donald Trump qui ne cesse de dépeindre une économie en lambeaux après les huit années au pouvoir du président démocrate Barack Obama.

«Le rapport publié aujourd'hui souligne qu'il reste encore du travail à accomplir», a concédé Jason Furman, le conseiller économique en chef du président américain, tout en tentant de relativiser cette nouvelle déception économique.

Au deuxième trimestre, la première économie mondiale a ainsi pu compter sur son moteur traditionnel, la consommation des ménages, qui a connu une forte poussée (+4,2%) et une nette accélération par rapport au premier trimestre.

Les Américains se sont notamment rués sur les biens de consommation dont les achats ont flambé de 6,8%, soit la plus forte hausse enregistrée depuis près de six ans. Et leur appétit pour les services a encore grossi.

«Les ménages gardent confiance dans les perspectives sur leurs revenus et sur l'emploi», ont commenté les experts de Barclays Research.

Autre bonne nouvelle, le commerce extérieur, qui pesait ces derniers mois sur la croissance américaine en raison du renchérissement du dollar, a apporté une contribution positive au deuxième trimestre. Les exportations ont rebondi (+1,4%) tandis que les importations ont continué de se replier (-0,4%).

Ces bons chiffres à l'international semblent montrer que l'incertitude créée par le vote britannique du 23 juin en faveur d'une sortie de l'Union européenne n'a pas encore gagné les côtes américaines.

Mercredi, la banque centrale américaine (Fed) s'était déjà montrée rassurante sur l'impact du Brexit en assurant que les risques économiques pesant sur les États-Unis avaient «diminué».

Investissement en berne

Mais ce dynamisme a toutefois été en partie contrarié par l'effondrement des dépenses d'investissement privé qui ont connu leur plus forte chute depuis sept ans (-9,7%).

Dans le détail, l'investissement des entreprises a continué de fléchir (-2,2%) pour le troisième trimestre consécutif, tandis que celui des particuliers dans l'immobilier a fondu de 6,1%.

«Les États-Unis connaissent une pénurie de logements. Davantage de maisons doivent être construites», a relevé Lawrence Yun, chef économiste de l'association nationale des agents immobiliers NAR.

Selon Chris Williamson, de IHS Markit, la frilosité des entreprises pourrait, elle, refléter «l'hésitation croissante à s'engager dans de nouvelles dépenses avant l'élection présidentielle» du 8 novembre.

La Maison-Blanche a préféré relever le «fort déclin» des investissements dans les stocks des entreprises, qui sont par nature volatils et sont susceptibles d'être regarnis dans les mois à venir.

L'État et les collectivités ont également contribué freiner la croissance en levant le pied sur leurs dépenses.

Selon la Maison-Blanche, le président Obama va répondre à ces défis en appelant le Congrès à augmenter les investissements publics et à adopter le très controversé accord de libre-échange Asie-Pacifique (TPP), dont M. Trump comme sa rivale démocrate Hillary Clinton ne veulent pas.

En attendant, cette nouvelle contre-performance va compliquer l'équation pour la Fed.

Après avoir augmenté ses taux en décembre dernier pour la première fois en près de dix ans, la banque centrale a, depuis, différé la normalisation de sa politique monétaire faute de certitudes suffisantes sur la solidité de l'économie américaine.

Elle avait toutefois livré mercredi un diagnostic relativement optimiste sur l'économie américaine, semblant ouvrir la voie à une prochaine hausse des taux. Mais les chiffres du PIB pourraient contrarier ces plans.

«La faiblesse actuelle de la croissance (...) va renforcer la tendance des dirigeants à se montrer prudents et réduit ainsi grandement les chances d'une hausse des taux avant décembre», affirme M. Williamson.