La société Amaya poursuit son objectif de devenir fournisseur accrédité de Loto-Québec de jeux en ligne, malgré l'enquête pour délit d'initiés dont elle est l'objet.

« Nous avons hâte de participer à ce processus de devenir, nous l'espérons, le fournisseur accrédité de services de jeux en ligne auprès de Loto-Québec et de démontrer que nous sommes le chef de file non seulement en taille, mais aussi en matière d'intégrité de jeu, de protection de fonds des joueurs et de jeu responsable », a dit David Baazov, président et chef de la direction d'Amaya, la plus importante société cotée en Bourse du secteur du jeu en ligne au monde avec une valeur d'environ 7 milliards de dollars.

M. Baazov, 35 ans, prenait la parole dans le cadre des midis-conférences de l'Association des MBA du Québec. Il a parlé de la spectaculaire croissance de son entreprise et de ses perspectives florissantes. Amaya a fait les manchettes en 2014 avec le rachat des sites de poker en ligne PokerStars et Full Tilt pour 4,9 milliards US.

Enquête de l'AMF

Il s'est toutefois tenu loin de la controverse en évitant de toucher mot de l'enquête que mène l'Autorité des marchés financiers sur sa société. Amaya fait en effet l'objet d'une enquête de la part de l'AMF pour délit d'initiés, et la Gendarmerie royale du Canada s'intéresse au dossier.

« La mise en place de réglementation et de pratiques de jeu responsable constitue un volet majeur de l'avenir du jeu en ligne. C'est ce qu'un chef de file responsable devrait faire », soutient David Baazov.

Pour lutter contre le jeu illégal en ligne qui prive l'État d'importants revenus, Québec a annoncé dans le budget sa volonté de canaliser le jeu privé en ligne sur la plateforme légale Espacejeux de Loto-Québec et de faire bloquer les sites illégaux par les fournisseurs d'accès internet comme Vidéotron.

« Le projet de loi qui doit suivre le budget contient plusieurs mesures, a expliqué au téléphone Nathalie Roberge, attachée de presse du ministre québécois des Finances Carlos Leitao. C'est un dossier sur lequel nous travaillons. Je ne peux pas vous dire exactement quand le projet de loi va être déposé, mais c'est un dossier qui suit son cours. »

En vertu d'un contrat passé avec le privé, Loto-Québec deviendrait l'exploitant exclusif du jeu au Québec et en contrôlerait les profits. Cette façon de procéder a l'avantage d'éviter d'amender le Code criminel, qui interdit en théorie les jeux d'argent et de hasard exploités par l'entreprise privée.

Doubler ses revenus

M. Baazov a profité de la tribune qui lui était offerte pour parler des perspectives de croissance de son entreprise, qui a retenu les services des footballeurs Ronaldo et Neymar comme membres de l'écurie PokerStars.

Amaya détient déjà 70 % des parts de marché du poker en ligne. Ses revenus de poker atteignent 1,2 milliard, et M. Baazov souhaite les doubler d'ici 5 ans, notamment en popularisant les retransmissions des tournois à la télévision et sur le web.

La société mise sur sa notoriété dans le poker pour faire des gains dans le segment des jeux de casinos et des paris sportifs. En un an, la part de ses revenus provenant des jeux de casino virtuel est passée de 1 % à 13 %. Les secteurs des pools de sports, des ligues fictives et des jeux sociaux sont aussi promis à un brillant avenir, selon M. Baazov.

Le poker en ligne chez Amaya

• 95 millions de clients

• 70 % du marché

• Revenus annuels de 1,2 milliard

• Un rythme de 2 millions de mises à l'heure

• 75 % des mises sont de 5 $ ou moins

• L'entreprise répond chaque année à 4 millions de courriels en 24 langues différentes