Transaction majeure dans l'industrie des médias au pays: Bell achète Astral Media. La transaction, d'une valeur de 3,38 milliards de dollars a été annoncée ce matin lors d'une conférence de presse à Montréal.

> Sophie Cousineau: L'alliance Bell-Astral: tous contre Quebecor

Astral: la TD peut lever les bras très haut

Avec cette transaction, rapportée par La Presse ce matin, Bell [[|ticker sym='T.BCE'|]] renforce considérablement sa présence dans l'univers médiatique au Québec et consolide son statut de leader de l'industrie des télécoms au pays.

En achetant Astral [[|ticker sym='T.ACM.A'|]], Bell aura ainsi plus de munitions dans sa rivalité commerciale avec Quebecor/Vidéotron. Astral est notamment propriétaire de la plupart des chaînes de télé spécialisées les plus populaires et les plus rentables au Québec (Canal Vie, Canal D, Séries+, VRAK.TV, Ztélé, TÉLÉTOON et MusiquePlus). En achetant Astral, Bell met aussi la main sur des chaînes de télé payantes (Super Écran, The Movie Network, HBO Canada) et les stations de radio NRJ, Rouge FM et Boom FM. Bell devient aussi propriétaire de l'un des plus importants réseaux de panneaux d'affichage publicitaires au pays. Astral possède 9500 panneaux d'affichage publicitaires urbains au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique.

Avant l'achat d'Astral qui sera annoncé ce matin, Bell n'avait qu'un seul groupe de télés francophones, soit le Réseau des sports (RDS) et ses chaînes jumelles (RDS 2, RDS INFO). Malgré la solide performance financière de RDS, Bell manquait de diversité de réseaux à offrir à ses annonceurs francophones. Au Canada anglais, Bell détient des chaînes de télé comme CTV, TSN, MTV, Much Music, Bravo!, Discovery et Comedy.

Pour mettre la main sur Astral, Bell fera l'acquisition de toutes les actions de catégorie A sans droit de vote d'Astral à un coût de 50 $ par action, ce qui représente une prime de 39 % sur la moyenne pondérée du volume du cours de clôture de l'action d'Astral à la Bourse de Toronto (TSX) au cours des cinq derniers jours de Bourse, pour une contrepartie totale d'environ 2,8 milliards. Bell fera aussi l'acquisition de toutes les actions subalternes de catégorie B avec droit de vote à un coût de 54,83 $ par action, pour une contrepartie totale d'environ 151 millions de dollars, et de toutes les actions spéciales pour une contrepartie totale de 50 millions.

Astral valait 2,01 milliards jeudi à la clôture de la Bourse de Toronto, alors que Bell en valait 31,06 milliards. Au contraire d'Astral, Bell est le principal fournisseur d'accès au pays à la télé (2,1 millions de clients), à internet (2,1 millions de clients) et à la téléphonie (6,1 millions de clients en téléphonie locale et 7,4 millions de clients en téléphonie sans-fil).

La direction d'Astral évaluait depuis plusieurs mois la possibilité de vendre l'entreprise. Le président et chef de la direction Ian Greenberg, dont la famille détient 63% des droits de vote d'Astral, est âgé de 70 ans. M. Greenberg et son fidèle allié André Bureau, qui préside le conseil d'administration, ont fait grandir Astral grâce à leur plan d'affaires misant sur la rentabilité des chaînes de télé spécialisées et leurs redevances payées par les abonnés du câble. En 2011, Astral a connu sa 15e année consécutive où elle a augmenté ses profits. L'an dernier, Astral a généré des profits de 234 millions sur des revenus de 1,0 milliard.

Ian Greenberg se joindra au conseil d'administration de Bell après la clôture de la transaction.

Au cours des derniers mois, Astral a aussi examiné la possibilité d'acheter V, le réseau de télé généraliste appartenant à la famille Rémillard. Mais l'état avancé des discussions avec Bell a fait en sorte qu'Astral a été vendeur plutôt qu'acheteur.

La transaction ne surprendra pas les milieux financiers. Le mois dernier, l'analyste boursier Scott Cuthberston, de TD Valeurs mobilières, estimait qu'Astral pourrait «être en jeu» au cours de la prochaine année.

L'acquisition d'Astral par Bell devra être approuvée par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) ainsi que par le Bureau de la concurrence. Pour satisfaire aux règles actuelles du CRTC en matière de concentration de presse, Bell devra vendre quelques stations de radio dans le Canada anglais, mais rien au Québec. Le Bureau de la concurrence devra aussi évaluer la nouvelle force de frappe de Bell, qui devient clairement le joueur le plus important dans l'industrie des télécoms au pays.

Cette transaction est un autre coup spectaculaire de George Cope, le grand patron de Bell depuis juillet 2008. En 2010, Bell a acheté le réseau de télé anglophone généraliste CTV pour 1,3 milliard. Bell est aussi devenu propriétaire minoritaire du Canadien de Montréal (2009) et des Maple Leafs de Toronto (la transaction sera complétée au cours des prochains mois).

Bell et Astral n'ont pas rappelé La Presse Affaires jeudi, mais ont confirmé la transaction à 7h30 vendredi matin. Les deux compagnies ont tenu un point de presse commun à 9h45 vendredi.

EN CHIFFRES

Bell c'est...

> Valeur en Bourse (TSX): 31,06 milliards

> Profits de 3,3 milliards sur des revenus de 19,5 milliards en 2011

> Une seule chaîne de télé généraliste: CTV

> 31 chaînes spécialisées, dont RDS, CTV 2, TSN, BNN, MTV, Much Music, Bravo!, Discovery, Comedy, Space

> 32 stations de radio, dont TSN Radio

> Le principal fournisseur d'accès à la télé (2,1 millions de clients), à l'internet (2,1 millions de clients) et à la téléphonie (6,1 millions de clients en téléphonie locale et 7,4 millions en téléphonie sans fil) au pays.

Astral c'est...

> Valeur en Bourse: 2,01 milliards

> Profits de 234 millions sur des revenus de 1,0 milliard en 2011

> Aucune chaîne de télé généraliste

> 12 chaînes spécialisées, dont Canal Vie, Canal D, Séries+, VRAK.TV, Ztélé, TÉLÉTOON et MusiquePlus

> 8 chaînes de télé payante, dont Super Écran, The Movie Network, HBO Canada

> 84 stations locales de radio, dont celles des réseaux NRJ, Rouge FM et Boom FM

> 9500 panneaux d'affichage publicitaires urbains au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique

> Pas un fournisseur d'accès à la télé, à l'internet ou à la téléphonie