Trop long, trop compliqué: les entreprises qui testent leurs futurs médicaments sur les humains délaissent de plus en plus le Québec au profit de pays comme l'Inde et le Brésil, où les procédures sont plus simples. Un exode que veut freiner une petite boîte québécoise, qui vient de s'allier au Centre de recherche de l'Université McGill pour améliorer l'efficacité des études faites chez nous.

L'entreprise eVision annoncera aujourd'hui son partenariat avec l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). La société de 35 employés a inventé des logiciels qui permettent d'automatiser et simplifier la gestion des études que les hôpitaux font sur les patients, souvent pour le compte des entreprises pharmaceutiques.

«Dans un hôpital, il y a des batteries de comités qui doivent approuver toutes les étapes d'une étude. Malheureusement, il y a souvent des temps d'attente à certaines étapes. Le problème, c'est que les chercheurs ne sont pas patients, et les entreprises pharmaceutiques encore moins. Et il y a des pays qui viennent chercher les études très facilement», explique Adil Hamdouna, chef de la direction d'eVision.

Les logiciels d'eVision permettent de suivre à la trace chaque étude et d'identifier précisément où sont les goulots d'étranglement. Est-ce le recrutement des patients qui tarde? Ou le comité d'éthique chargé d'approuver l'étude qui est surchargé? À moins que le département des budgets n'ait pas encore donné son autorisation... parce qu'il attend après un autre comité?

«Sans outil spécialisé, c'est extrêmement difficile à dire», admet Cinzia Raponi, directrice des contrats et subventions de recherche à l'Institut de recherche du CUSM. L'organisme a participé à la conception des logiciels avec eVision, et les a ensuite testés pendant six mois.

Aujourd'hui, Mme Raponi est à ce point convaincue de leur efficacité qu'elle promet que le délai moyen avant de lancer une étude clinique, qui atteint maintenant deux mois et demi, sera réduit à six semaines au CUSM.

L'affaire est la bienvenue, puisque l'organisme observe bel et bien vu la nouvelle concurrence du Brésil, de l'Inde et des pays d'Europe de l'Est dans le secteur des études cliniques.

«Le nombre d'études qu'on gère est en déclin», dit-elle, affirmant qu'elle est maintenant mieux outillée pour convaincre les grandes pharmaceutiques de faire les études chez elle.

L'entreprise eVision, de son côté, aimerait vendre ses produits aux autres centres hospitaliers québécois.

«La recherche clinique amène avec elle tout un paquet de répercussions: tout ce qui concerne la recherche fondamentale, les brevets, la création d'entreprise en démarrage, dit Adil Hamdouna, d'eVision. Si on n'encourage pas ces recherches cliniques, le risque est grand que nos chercheurs aillent voir ailleurs.»