Exactement 50 136%. C'est la croissance des revenus de l'entreprise montréalaise Accedian Networks depuis cinq ans, performance qui la hisse en première place du palmarès Fast 50 de Deloitte des entreprises technologiques canadiennes à la plus forte croissance.

En tout, 11 entreprises québécoises s'inscrivent au top 50 de Deloitte, qui répertorie chaque année les fusées technologiques qui montent le plus vite au pays.

«Pour nous, c'est une surprise totale», a dit Patrick Ostiguy, fondateur et président d'Accedian Networks.

Fondée par quatre comparses dans le sous-sol de M. Ostiguy, Accedian naît en 2004 d'une prédiction: les réseaux de téléphonie mobile se retrouveront surchargés lorsque les utilisateurs commenceront à échanger vidéos, courriels et applications avec leurs téléphones mobiles.

Pour tenter de régler le problème, les quatre amis inventent une boîte capable de mesurer la capacité des réseaux mobiles, mais aussi d'en améliorer la performance.

Deux ans plus tard, ils accouchent d'un produit commercialisable. Le timing est impeccable. Au même moment, les téléphones intelligents se démocratisent et font exploser la demande en bande passante, exactement comme l'avait prévu Patrick Ostiguy.

Aujourd'hui, l'entreprise de 140 employés vend ses produits aux exploitants de réseaux mobiles, dont 40% à l'extérieur de l'Amérique du Nord.

«Pour l'instant, on s'est surtout concentré aux États-Unis, qui avaient des retards à combler et qui ont commencé à moderniser leurs infrastructures. Mais la vague va maintenant toucher l'Europe, l'Asie, l'Amérique latine. On est en train de se positionner pour en profiter», dit M. Ostiguy.

Le retour des acquisitions

Au palmarès de la croissance, Accedian Networks devance cette année RTI Cryogenics, une entreprise ontarienne qui a trouvé une nouvelle façon de recycler des pneus. Avigilon, de Vancouver, qui fabrique du matériel de surveillance, occupe la troisième position avec une croissance de 38 796% sur cinq ans.

François Sauvageau, leader du groupe technologie, médias et communication chez Deloitte, note que plusieurs entreprises du top 50 de cette année n'ont pas hésité à doper leur croissance en recourant aux fusions et aux acquisitions, même si les boîtes concernées étaient de petite taille.

«Avec le ralentissement économique des dernières années, on sentait les entreprises plus prudentes. Mais avec la reprise - et on sait qu'elle est meilleure au Canada qu'aux États-Unis -, on voit plus d'entreprises sur le marché des fusions et acquisitions», dit M. Sauvageau.

La croissance extrême peut cependant être une arme à deux tranchants. Prosep, entreprise québécoise qui a déjà occupé le premier rang du palmarès de Deloitte et qui figure en 22e place cette année, en sait quelque chose.

Après s'être lourdement endettée pour soutenir cette croissance, Prosep s'est retrouvée en difficulté quand la crise du crédit a frappé. Encore ce mois-ci, un financement obtenu in extremis lui a permis d'éviter un défaut de paiement.

«Les dirigeants du top 50 sont des gens qui n'ont pas peur des risques, admet M. Sauvageau. Mais si elle est bien gérée, une croissance va générer des impacts positifs.»

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Les entreprises québécoises du top 50

Accedian Networks (1er rang)

Acquisio (11e rang)

SherWeb (16e)

ProSep (22e)

8D Technologies inc. (23e)

H2O Innovation (28e)

iBwave (33e)

Vantrix (35e)

Obzerv Technologies (37e)

5N Plus (38e)

Moment Factory (39e)