La crise de la dette publique européenne, l'impasse budgétaire apparente aux États-Unis de même que la volatilité extrême des marchés boursiers et obligataires en août et septembre ont ébranlé sans surprise la confiance des entreprises.

Très peu s'attendent à ce que le rythme d'expansion de leurs ventes varie significativement au cours de la prochaine année, selon les données de l'Enquête sur les perspectives des entreprises (EPE), menée chaque trimestre par la Banque du Canada.

Les résultats publiés hier sont ceux de l'enquête menée du 22 août au 22 septembre, période des plus agitée depuis le début du présent cycle économique.

Voilà qui explique que le solde des entreprises sondées qui jugent que le rythme de leurs ventes sera supérieur dans 12 mois au rythme actuel n'est que de 6%. Il s'agit du solde positif le plus faible depuis l'hiver 2009. L'EPA d'automne avait montré un solde de 20%.

«Cela devait arriver, après la forte accélération survenue en 2009-2010, dans la foulée de la récession, souligne Derek Holt, économiste principal chez Scotia Capitaux. Cette période avait catapulté les attentes d'augmentation des ventes qui étaient insoutenables une fois traversées les premières étapes de la reprise.»

L'EPA existe depuis 1998. La récession de 2008-2009 et le début d'un nouveau cycle sont donc les premiers qu'elle capte.

Même si on observe un certain épuisement de l'optimisme, les entreprises se positionnent encore dans une perspective de croissance. Encore 22% d'entre elles prévoient augmenter leurs investissements en machines et matériel tandis que 38% entendent grossir leurs effectifs. Si ces deux pourcentages sont un peu plus faibles que ceux de l'EPE d'été, ils témoignent néanmoins d'une perception que la croissance va se poursuivre, bien qu'à un rythme plus faible qu'escompté il y a encore quelques mois.

La prudence plus grande des répondants explique sans doute aussi que le secteur privé n'a pas augmenté ses effectifs ni en août ni en septembre.

Cela se reflète d'ailleurs aussi dans les pressions sur la capacité de production. Encore 43% des répondants estiment qu'ils auraient des difficultés à répondre à une demande inattendue. «C'est très près de la moyenne historique de 42% et deux fois plus élevé que les creux enregistrés durant la récession», note Douglas Porter, économiste en chef délégué chez BMO Marchés des capitaux. Ces pénuries se font particulièrement sentir dans le secteur des biens, certaines entreprises disant avoir du mal à recruter des travailleurs qualifiés», note la Banque dans la présentation des résultats.

Les autorités monétaires retiendront surtout que 88% des répondants estiment que l'inflation se situera dans une fourchette de 1% à 3%, mais un peu plus croient qu'elle se situera entre 2 et 3% qu'entre 1% et 2%.

Ceux qui parient ainsi sur une baisse du taux directeur de la Banque au cours des prochains mois devront aussi tenir compte que les conditions de crédit se sont encore assouplies, selon les résultats de l'Enquête auprès des responsables du crédit. Seules exceptions, les grandes entreprises qui se financent sur les marchés obligataires où l'appétit du risque n'était pas grand le mois dernier. Pour les commerces et la PME, les conditions d'emprunt plus souples seraient le résultat d'une vive concurrence parmi les prêteurs.

«Les résultats des sondages continuent d'être dans une zone de croissance, ce qui indique que les activités des entreprises canadiennes progresseront encore dans les trimestres à venir», conclut Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.