La majorité des entreprises manufacturières du Québec estiment qu’il est urgent de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), mais la moitié d’entre elles ne font rien pour y arriver et les deux tiers ne prévoient pas prendre d’engagement en matière climatique.

C’est ce que constate le Baromètre de la transition des entreprises réalisé par Québec net positif, un organisme à but non lucratif voué à l’accélération de la transition énergétique.

Cette deuxième édition du Baromètre rendue publique aujourd’hui est un recul par rapport à celle de l’an dernier, alors qu’encore moins d’entreprises disent faire des gestes pour l’environnement.

Les données du Baromètre proviennent d’un sondage réalisé par la firme Léger auprès de 202 dirigeants d’entreprises manufacturières du Québec à la demande de Québec net positif. Ces données ont été comparées à celles recueillies auprès de 596 dirigeants d’entreprises de tous les secteurs d’activité.

Les résultats indiquent que seulement 3 % des entreprises manufacturières ont fait des avancées dans la mesure des GES qu’elles émettent, comparativement à 7 % un an auparavant. Plus des deux tiers n’ont pas d’engagement formel en matière de réduction d’émissions et ne prévoient pas en avoir non plus. C’est un peu plus (70 %) qu’il y a un an (69 %).

Au total, la moitié des entreprises sondées disent qu’elles ne mettent en œuvre aucune action climatique et les deux tiers ne prennent pas de mesures pour accroître leur efficacité énergétique.

« Ça ne progresse pas au rythme que la crise climatique impose », reconnaît la directrice générale de Québec net positif, Anne-Josée Laquerre. Selon elle, toutefois, le nombre d’entreprises qui sont conscientes de l’urgence d’agir, qui y voient des risques mais aussi des occasions, est en hausse. « C’est encourageant, estime-t-elle, mais pour ce qui est de la mise en œuvre, on n’est pas au niveau qu’on voudrait voir. »

Du travail à faire

L’aide financière mise à la disposition des entreprises peut les encourager à passer à l’action, mais les programmes existants sont peu connus et peu utilisés, révèle aussi l’étude.

La majorité des entreprises manufacturières disent ne connaître aucun des programmes existants.

Le plus connu de ces programmes est Solutions efficaces d’Hydro-Québec. Une proportion de 22 % des entreprises dit le connaître, mais seulement 11 % l’utilisent. Les subventions pour l’efficacité énergétique offertes par le distributeur gazier Énergir sont connues par 16 % des répondants, mais seulement 8 % les utilisent.

Investissement Québec gère le programme ESSOR, qui est aussi peu connu et peu utilisé par les entreprises, de même qu’une initiative appelée Compétivert, qui l’est encore moins, selon le sondage.

Plusieurs entreprises connaissent pourtant Compétivert, puisque ce programme a financé pour plus de 1 milliard de dollars d’initiatives climatiques dans des entreprises de tous les secteurs, selon Gladys Caron, première vice-présidente, stratégies et communications externes, d’Investissement Québec. La cible de départ du programme, fixée à 375 millions, a été rehaussée pour répondre à la demande.

Selon elle, beaucoup d’entreprises qui en ont bénéficié ne savent tout simplement pas le nom du programme. Les changements climatiques sont un sujet qui intéresse de plus en plus les entreprises, selon elle. « On le voit sur le terrain. Les entreprises sont encore timides parce que la pression réglementaire n’est pas encore assez grande. »

« On peut être un peu découragé en voyant les données, mais c’est un grand virage pour les entreprises, estime Gladys Caron. Quand on se met dans leur peau, on peut comprendre qu’il y ait encore une certaine hésitation, surtout dans une période économique comme celle où l’on est. »