Le recours au télétravail qui avait bondi à un niveau historique durant la pandémie de COVID-19 s’est beaucoup atténué depuis un an, selon une analyse de Statistique Canada

Un « changement majeur »

Après avoir bondi de 6 % en janvier 2020 à 40 % quatre mois plus tard, en avril 2020, en plein confinement, le pourcentage de Canadiens travaillant la plupart de leurs heures à domicile avait reculé à près de 30 % en janvier 2022.

Depuis, ce pourcentage a encore reculé pour s’établir aux environs de 20 % en novembre 2023, selon l’analyse de Statistique Canada effectuée avec ses relevés mensuels de données sur l’emploi et la population active.

À titre de comparaison, durant les quelques années avant la pandémie, un faible pourcentage d’environ 7 % des travailleurs canadiens avaient l’habitude d’effectuer la plupart de leurs heures de travail à domicile.

De l’avis des analystes de Statistique Canada, « la pandémie a entraîné un changement majeur dans les conditions de travail au Canada, qui risque d’avoir des répercussions importantes sur de nombreux aspects de l’économie et de la société ».

Défi de gestion pour les employeurs

La diversification des préférences des employés pour le travail à domicile plutôt qu’au bureau représente un « défi de gestion pour les employeurs », estiment les analystes de Statistique Canada.

Ainsi, parmi tous les employés travaillant habituellement à domicile, près du quart souhaiteraient effectuer une plus grande proportion de leurs heures de travail à domicile qu’ils ne peuvent le faire actuellement, après le ressac de l’après-pandémie.

Selon Statistique Canada, à peine un employé sur huit (environ 13 %) souhaiterait réduire la proportion de ses heures de travail effectuées à domicile.

« Tenir compte de cette diversité accrue des préférences [de mode de travail] est un défi pour les employeurs qui cherchent à bien gérer le télétravail », constatent les analystes de Statistique Canada.

Entre autres, « une disparité entre les préférences des employés en matière de télétravail et les heures qu’ils travaillent à domicile peut nuire au maintien en poste de ces employés ».

Le travail en mode hybride se répand

Le travail en mode hybride, c’est-à-dire partagé entre le domicile et le bureau, gagne en popularité depuis 2022 alors que de plus en plus d’employés retournent au bureau.

Selon l’analyse de Statistique Canada, en janvier 2022, le quart des travailleurs déclaraient travailler exclusivement à domicile et à peine 4 % disaient travailler en mode hybride.

Or, 23 mois plus tard, en novembre 2023, les plus récentes données du marché de l’emploi indiquent que les proportions de travailleurs en mode « exclusivement à domicile » ou en mode hybride étaient rendues presque égales, aux environs de 13 % chacune.

En fait, depuis presque deux ans, la proportion de travailleurs « exclusivement à domicile » a été réduite de 11 points de pourcentage (de 24 % à 13 %).

En revanche, la proportion de travailleurs en mode hybride a triplé durant cette période, passant de 4 % en janvier 2022 à 13 % en novembre 2023.

Baisse de l’usage des transports collectifs

La hausse du télétravail à domicile depuis la pandémie a entraîné une baisse de l’utilisation des transports collectifs, ce qui exerce « des pressions financières sur ces réseaux de transport », selon les analystes de Statistique Canada.

« Alors que la proportion de travail à domicile a augmenté des environs de 7 % des travailleurs en janvier 2020 à 40 % en avril 2020, et que des ordonnances de rester à domicile ont été adoptées, le nombre de déplacements de passagers dans les transports collectifs est passé de 163,9 millions à 25,7 millions au cours de la même période », indique Statistique Canada.

La progression du travail à domicile pourrait avoir fait reculer l’utilisation du transport en commun « de façon indirecte ».

C’est-à-dire que la réduction de la circulation routière et des temps de déplacements routiers « aurait incité certaines personnes ne travaillant pas à domicile à délaisser le transport en commun pour se déplacer en voiture. »

Réduction de la pollution des transports

Selon les analystes de Statistique Canada, l’augmentation du télétravail à domicile découlant de la pandémie « a probablement réduit les émissions de gaz à effet de serre provenant du transport » des personnes.

En fait, Statistique Canada se base sur son étude récente qui a permis d’estimer que « si tous les Canadiens dont le travail pouvait être effectué à domicile en 2015 l’avaient fait cette année-là, les émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant du transport auraient pu diminuer de 9,5 mégatonnes par an, ce qui représente 12 % des émissions de GES des ménages attribuables au transport. »

Or, en ajustant cette estimation à la proportion plus élevée de télétravail à domicile dans l’après-pandémie, les analystes de Statistique Canada en arrivent à estimer « une diminution des émissions de GES provenant du transport des ménages » approchant les 12 % par rapport au niveau qui aurait été atteint en l’absence de pandémie.