(Québec) Le gouvernement va embaucher un consultant chargé de comprendre pourquoi les gens de Québec paient souvent plus cher à la pompe, a annoncé mardi soir Pierre Fitzgibbon au sortir d’une rencontre d’une heure avec les principaux détaillants d’essence de la capitale.

« C’est quelqu’un qui va aller voir chaque essencerie et comprendre mieux la dynamique qui pourrait faire que le prix est plus élevé à Québec », a indiqué le ministre de l’Économie à la sortie de cette rencontre qu’il avait lui-même sollicitée.

Un avis de la Régie de l’énergie notait le 18 octobre dernier que les marges de détail estimées dans les stations d’essence de la Capitale-Nationale sont au-dessus de la moyenne du reste du Québec depuis 2021. Elles sont passées de 4,37 cents le litre en 2018 à près de 15 cents le litre en 2023.

Seules « trois régions présentaient des marges de détail estimées plus élevées, soit le Nord-du-Québec, la Côte-Nord et le Bas-Saint-Laurent ». Un second avis publié mardi constatait une situation similaire dans Chaudière-Appalaches.

M. Fitzgibbon avait donc convoqué exceptionnellement les cinq plus grands détaillants d’essence de la capitale pour tenter de comprendre. Quatre d’entre eux ont rencontré le ministre mardi en début de soirée, soit Couche-Tard, Pétroles Cadeko (filiale du Groupe F. Dufresne), Harnois Énergies et Sobeys. Costco doit rencontrer le ministre le 14 décembre.

Les représentants des quatre essenceries ont quitté la rencontre d’une heure en vitesse sans répondre aux questions des médias.

Le ministre a indiqué que la rencontre n’avait pas mené à « de grandes révélations ». Mais les détaillants se sont montrés ouverts à collaborer avec le gouvernement. « Ils nous ont offert tous de nous rencontrer individuellement pour nous montrer leurs livres, ce qu’ils ne peuvent pas faire avec le groupe. C’est positif. Ils veulent coopérer. Ils réalisent que les Québécois ont des raisons de poser des questions », a indiqué le ministre.

Des pistes, mais pas de réponse définitive

Certains détaillants ont expliqué au ministre que les essenceries à Québec étaient davantage qu’ailleurs dépendantes de la vente d’essence pour assurer leur rentabilité.

« Une essencerie, dépendamment des régions, va vendre beaucoup d’autres produits que l’essence, ce qui va faire que l’essence peut être vendue moins cher. Certains ont indiqué qu’à Québec, c’est peut-être moins facile de faire du commerce plus élargi que juste de l’essence, conséquemment, il faut qu’ils se reprennent sur l’essence. »

Le ministre a aussi laissé entendre que les marges plus hautes à Québec pourraient s’expliquer par le nombre élevé de détaillants.

« C’est un peu paradoxal, parce que plus il y a d’essenceries, plus le prix devrait baisser, mais en même temps, s’il y en a trop dans une région à moment donné, ils ne font pas de profit, alors il faut qu’ils montent le prix de l’essence, dit-il. Ce n’est pas de la collusion, mais ça se fait de façon globale pour avoir de la profitabilité. »

Or, selon des données de la Régie de l’énergie, il y a moins d’essenceries par 5000 habitants dans la Capitale-Nationale (1,47) qu’en Montérégie (1,49) ou encore en Estrie (2,06).

En somme, le ministre n’avait pas de réponse définitive à offrir à la population de Québec à l’issue de sa rencontre, d’où l’annonce de l’embauche d’un consultant chargé de faire la lumière sur ces disparités régionales.

M. Fitzgibbon a par ailleurs demandé au Bureau de la concurrence du Canada d’enquêter sur le marché de l’essence dans la région de Québec.

Il pense que dans quelques mois, ces démarches pourraient porter leurs fruits. Il espère « une meilleure transparence pour que la population soit éclairée et comprenne ».

Mais le ministre n’exclut pas la solution nucléaire, soit d’intervenir pour fixer un prix plafond à la vente de l’essence, comme il le peut.

« En 1987, ç’avait été fait. Mais honnêtement, ce n’est pas la solution que je privilégie. Je préfère avoir un marché privé avec une bonne concurrence », a-t-il dit mardi. « J’espère qu’on ne s’en va pas là. »