Acheté 20 millions, le terrain est vendu pour 240 millions

L’arrivée de Northvolt est un cadeau du ciel pour le promoteur Luc Poirier et ses partenaires. Ils viennent de se départir du terrain où ira s’établir l’entreprise suédoise.

Un juteux profit les attend. Les vendeurs obtiennent 240 millions pour un bien qu’ils ont payé 20 millions il y a 8 ans. Le terrain chevauche les villes de Saint-Basile-le-Grand et de McMasterville, en Montérégie.

Sur sa page Facebook Luc Poirier mentionne qu’il s’agit de la plus importante transaction de terrain de l’histoire du Québec.

Le 23 octobre, la société suédoise Northvolt est devenue propriétaire de l’immense terrain industriel de 18,5 millions de pieds carrés devant accueillir une usine intégrée de cellules de batteries de véhicules électriques, indiquent les actes de vente déposés au registre foncier.

L’entreprise étrangère paie 240 millions pour le terrain, entièrement financé par un prêt remboursable du gouvernement du Québec, confirme par courriel le cabinet du ministre Pierre Fitzgibbon.

Les vendeurs sont Quartier MC2, appartenant à Gestion immobilière GAP, dont les actionnaires sont des sociétés appartenant à Alice Minying Wu, Serge Gariépy et Luc Poirier.

Un communiqué publié par les vendeurs a annoncé la conclusion de la transaction mercredi matin. Il a été impossible de parler avec Luc Poirier mercredi. La Presse avait eu la chance de s’entretenir avec lui au sujet de son projet Quartier MC2 antérieurement.

Depuis 2015, les associés ont essentiellement payé les taxes foncières sur le terrain et quelques études, nous avait alors confié Luc Poirier. Il détenait un tiers du terrain, la même proportion que M. Gariépy et Mme Wu.

MC2 avait l’ambition de construire un quartier résidentiel de 5000 logements. Mais beaucoup de contraintes l’empêchaient d’aller de l’avant avec son projet, nous avait-il alors expliqué.

IMAGE TIRÉE DU SITE POIRIER.COM

Le lotissement de 5000 habitations imaginé par Quartier MC2 sur le terrain appartenant maintenant à Northvolt.

D’abord, le terrain avait été décontaminé dans le passé par Akzo Nobel Coatings en vue d’un usage industriel, pas résidentiel. Des millions en décontamination étaient requis pour le rendre compatible à une occupation résidentielle. Deuxièmement, le ministère des Transports s’opposait au lotissement domiciliaire en raison du trafic sur la route 116 qu’auraient causé les déplacements quotidiens de quelque 5000 ménages. Troisièmement, l’alimentation électrique de l’immense site posait problème.

En somme, M. Poirier et ses partenaires obtiennent environ dix fois leur mise pour un terrain pour lequel une mise en valeur paraissait pour le moins compliquée à court terme.

À l’époque, l’homme d’affaires disait que son terrain valait au minimum 400 millions en raison du lotissement résidentiel qu’il projetait. « Quand j’achète un terrain, c’est pour le long terme. Des terrains, il n’y en a pu. Avec un terrain, on n’est jamais perdant à long terme », confiait-il alors.

Au prix de 240 millions payé par Northvolt avec l’argent des contribuables, la transaction revient à 12-13 $ du pied carré.

Selon le courtier Paul-Éric Poitras, associé principal chez NAI Terramont Commercial, bien au fait de la dynamique de marché sur la Rive-Sud, des terrains industriels prêts à construire d’une superficie de 2 millions de pieds carrés peuvent se vendre à 28 $ du pied carré.

M. Poirier n’est pas à son premier coup d’éclat en immobilier. À Candiac l’achat d’une usine abandonnée avec un acompte de 2,5 millions lui a rapporté 27,7 millions, avant intérêts et impôt, en deux ans.

Avec la collaboration de Julien Arsenault et d'Hugo Joncas, La Presse