À l’occasion des derniers rapports trimestriels, des analystes ont interrogé les dirigeants d’entreprise sur leurs projets en matière d’embauche, de salaires et d’effectifs.

Certains ont mis la pédale douce sur l’augmentation de la main-d’œuvre. D’autres s’inquiètent de l’effet des hausses salariales sur leurs résultats. Parmi ceux qui cherchent encore à embaucher, on déplore la difficulté d’attirer et de retenir les travailleurs, car le marché de l’emploi reste tendu.

« Il faut trimer dur pour trouver des gens et les garder », a dit Andrew Watterson, chef de l’exploitation de Southwest Airlines, en conférence téléphonique avec des analystes.

Nos clients se débattent encore avec le manque de main-d’œuvre », a déclaré Martine Ferland, qui dirige le cabinet-conseil Mercer.

Des signes de ralentissement

Pourtant, le taux de démission des travailleurs, une mesure de leur confiance en leurs possibilités et leur pouvoir de négociation, a continué à baisser en juin, selon des données publiées la semaine dernière. « Si notre taux de démission baisse, ça veut dire qu’on embauche moins de monde qu’auparavant », résume Rick Cardenas, PDG de Darden Restaurants, propriétaire de la chaîne Olive Garden.

Les salaires augmentent moins vite ces derniers mois, mais le rythme est resté soutenu en juillet, avec une hausse de 4,4 % par rapport à 2022. « On note encore une inflation des salaires et des avantages sociaux supérieure à la normale dans notre structure de coûts », a indiqué aux analystes Andre Schulten, directeur financier de l’entreprise de produits de consommation Procter & Gamble.

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Le PDG de Meta, Mark Zuckerberg, prévoit peu d’embauches dans un proche avenir. Meta a licencié des dizaines de milliers d’employés depuis la fin de 2022.

Selon Kathryn A. Mikells, directrice financière d’Exxon Mobil, le géant pétrolier constate une baisse du prix des produits chimiques, du sable et d’autres intrants. Mais « pour les éléments impliquant des coûts de main-d’œuvre élevés, je dirais qu’on ne voit pas encore nécessairement la pression déflationniste se manifester ».

Gel d’embauches et licenciements

Selon Anthony Wood, PDG de Roku, le fabricant d’appareils de diffusion en continu va continuer à embaucher, mais ailleurs qu’aux États-Unis, dans des pays où les travailleurs sont « moins chers que les ingénieurs de la Silicon Valley ».

D’autres entreprises, surtout dans le secteur technologique, disent être désormais plus prudentes en matière d’embauche. Certaines ont gelé leur masse salariale ou même supprimé des emplois.

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Le raffineur ExxonMobil constate une baisse des prix de certains intrants, mais pas des coûts de main-d’œuvre. Ci-dessus, la raffinerie de Baytown, au Texas.

Chez Meta, qui a supprimé des dizaines de milliers d’emplois chez Facebook, Instagram et WhatsApp depuis la fin de 2022, Mark Zuckerberg a affirmé la semaine dernière que son budget prévoyait une « croissance des effectifs […] relativement faible ».

Sundar Pichai, d’Alphabet (Google), a indiqué que le géant de la techno « continuerait à ralentir la croissance de ses dépenses et le rythme de ses embauches ».

Cet article a été publié à l’origine dans le New York Times.

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