Une alimentation santé est tout aussi primordiale pour les entrepreneurs, les cadres et les gestionnaires que pour les athlètes de haut niveau. Dans le milieu des affaires, la prise de conscience est entamée, mais reste embryonnaire.

« On est encore loin de faire le lien entre ce qu’on met dans notre assiette et nos performances cognitives au quotidien », déplore la diététiste-nutritionniste Andréanne Martin. En revanche, de plus en plus de dirigeants font attention à leur alimentation.

Le professeur à l’Université McGill Karl Moore a interviewé près de 1000 PDG pour des conférences et une émission de radio pendant une quinzaine d’années. Depuis quelques années, il remarque des changements importants dans leurs habitudes de vie, particulièrement en ce qui concerne la santé mentale, l’activité physique et l’alimentation.

« Ils mettent beaucoup plus d’accent sur ces trois éléments qu’il y a 15 ans. Tu ne peux pas négliger ta santé et jouer dans les grandes ligues », dit-il, en comparant les PDG à des joueurs de la Ligue nationale de hockey (LNH).

Sophie Alain fait partie de ces dirigeants qui ont changé leur alimentation. La copropriétaire et directrice des opérations de la Pâtisserie Michaud a modifié ses habitudes alimentaires il y a une vingtaine d’années. Depuis, elle évite les restaurants, qu’elle fréquentait abondamment, pour cuisiner elle-même ses plats santé.

PHOTO FOURNIE PAR SOPHIE ALAIN

Sophie Alain, copropriétaire de la Pâtisserie Michaud

Je dors mieux, mon énergie est plus élevée, j’ai plus de concentration, je réfléchis mieux.

Sophie Alain, copropriétaire de la Pâtisserie Michaud

Elle conseille aux entrepreneurs – qui manquent de temps – de préparer leur nourriture les dimanches, et de congeler les surplus.

Mme Alain a même organisé deux conférences sur la nutrition dans son entreprise pour sensibiliser ses employés à l’importance d’une alimentation saine.

La couleur, c’est oui

Il suffit de respecter les conseils de base de la nutrition pour obtenir de nombreux bienfaits. Ainsi, les aliments transformés, les produits céréaliers raffinés et le sucre ajouté sont à proscrire, rappelle la diététiste-nutritionniste Andréanne Martin.

Une collation constituée d’une barre tendre et d’une banane est « le pire piège » possible d’après elle, car le niveau d’énergie d’une personne fluctue après l’absorption de sucres rapides.

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Andréanne Martin, diététiste-nutritionniste

Si on est toujours en up and down de sucre au lieu d’avoir une énergie constante dans la journée, c’est beaucoup plus difficile d’être posé et de ne pas être un gestionnaire impulsif.

Andréanne Martin, diététiste-nutritionniste

À l’inverse, il faut beaucoup de couleur dans son assiette, indique la nutritionniste. Légumes, fruits, céréales complètes et protéines animales et végétales ont une place de choix dans l’arc-en-ciel.

« Cette couleur-là nous permet d’aller chercher un éventail de vitamines et de minéraux » qui aident à la « performance cognitive », très importante pour les entrepreneurs, les gestionnaires et les cadres, des postes qui amènent une « charge mentale très impressionnante », indique Mme Martin.

Un taux d’énergie plus stable, une diminution du stress et de l’anxiété, une amélioration du sommeil et une concentration accrue font partie des bénéfices d’une alimentation colorée.

« On a besoin d’une certaine réflexion pour être un bon leader humain. Cette réflexion-là ne peut pas se faire quand on est en hypoglycémie [trop faible taux de sucre dans le sang], quand on est en hyperglycémie [taux de sucre excessif dans le sang], ou quand on manque d’hydratation », explique Mme Martin.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Le secret de Guillaume Chabot : apporter de deux à trois petits changements par semaine, comme ajouter des épinards dans son smoothie matinal.

Des petits changements qui portent leurs fruits

Depuis qu’il a apporté des changements à son alimentation il y a trois ans, Guillaume Chabot a un niveau d’énergie global plus élevé, mais surtout, plus stable. Auparavant, l’ex-PDG de Poitras Industries mangeait beaucoup de glucides pendant la journée, spécialement en collations, ce qui lui causait des maux de tête.

M. Chabot a troqué les collations à base de glucides pour plus de protéines. « Les maux de tête ont arrêté 45 jours plus tard », dit-il. Quelques semaines plus tard, il a vu des progrès sur le plan de sa concentration et de son énergie.

Son secret : apporter de deux à trois petits changements par semaine, comme ajouter des épinards dans son smoothie matinal. M. Chabot dresse un parallèle avec le monde des affaires, alors qu’il dit souvent à ses employés d’établir quelques priorités par jour.

« C’est un peu la même chose avec la nutrition. Tu as deux ou trois priorités dans la semaine, puis une fois que c’est acquis, tu peux travailler sur autre chose. »