(Ottawa) Le projet de train à grande fréquence commence à prendre un peu plus forme. À un point tel que le gouvernement fédéral prévoit lancer l’automne prochain un appel d’offres aux entreprises désirant mener à bien ce projet, le plus important de l’histoire du pays.

Le ministre des Transports, Omar Alghabra, est catégorique. Le train à grande fréquence, qui doit relier Québec et Windsor, est bien en marche, même s’il reste encore plusieurs étapes à franchir.

« Le train à grande fréquence, ce n’est plus un vague concept. Ça commence à prendre forme. C’est du réel », a affirmé le ministre Alghabra dans une entrevue à La Presse afin de faire le point sur ce dossier.

Plusieurs entreprises intéressées

Ce projet, dans lequel Ottawa a déjà investi ou mis de côté un milliard de dollars, suscite visiblement beaucoup d’intérêt de la part des entreprises. Au printemps, le ministère des Transports a lancé une demande de déclarations d’intérêt. En tout, 54 entreprises ont répondu à l’appel tandis que certaines ont demandé des précisions sur certains éléments du projet, notamment les rôles et les responsabilités du gouvernement et du secteur privé.

Au début de l’an prochain, Ottawa compte lancer un appel de qualification avant de procéder ensuite à l’appel d’offres formel à l’automne. M. Alghabra a indiqué qu’il ne serait pas étonné si un consortium formé par des entreprises se manifestait durant l’appel d’offres.

Le gouvernement fédéral a décidé de créer cette année VIA TGF, une filiale de VIA Rail, pour veiller à l’exécution du projet. Les membres du conseil d’administration de cette filiale seront nommés sous peu.

« C’est un projet tellement massif — le plus grand projet d’infrastructure dans l’histoire du pays — et on doit suivre plusieurs étapes avant de procéder à la première pelletée de terre », a-t-il insisté.

Il a indiqué que le train à grande fréquence, qui sera en grande partie électrifié, sauf dans les centres urbains en raison des infrastructures existantes, aura son propre corridor de voies neuves et réservées qui s’étendront sur quelque 1000 kilomètres.

La première phase reliera Québec et Toronto, avec des arrêts à Trois-Rivières, Montréal, Ottawa et Peterborough. La deuxième phase permettra de relier Toronto et la ville de Windsor. Le ministre met au défi les entreprises de proposer un projet qui permettrait au train d’atteindre une vitesse de croisière de 300 km/h.

Nous espérons que la construction va commencer en 2027 ou 2028. Et que le projet serait terminé au début des années 2030, soit 2032 ou 2033.

Omar Alghabra, ministre fédéral des Transports

Le ministre souligne que l’idée d’un tel projet a été lancée en 2017, mais qu’il a commencé à prendre véritablement son élan au cours des deux dernières années.

« En ce moment, nous nous concentrons sur la phase 1 du projet, soit le corridor entre Québec et Toronto. La deuxième phase du projet entre Toronto et Windsor viendra plus tard. »

« Coût inconnu »

M. Alghabra a refusé de donner une estimation des coûts du projet, comme il avait décliné de le faire en mars dernier durant une conférence de presse au centre d’entretien montréalais de VIA Rail, où il avait formellement invité le secteur privé à faire partie de l’aventure.

« Le coût demeure inconnu parce que les choses évoluent rapidement. Et ce serait irresponsable de ma part d’avancer un chiffre en sachant qu’il ne tiendra pas la route plus tard », a-t-il souligné.

C’est un projet qui va coûter cher, c’est certain. C’est le plus grand projet d’infrastructure de l’histoire du Canada. Et il y a beaucoup de travail à faire.

Omar Alghabra, ministre fédéral des Transports

À l’heure actuelle, le Canada est le seul pays du G7 qui ne compte pas un train à grande vitesse. Le gouvernement fédéral a évalué cette option, mais il l’a écartée en raison du coût prohibitif (au moins 65 milliards pour le corridor Québec-Toronto) et des risques liés à l’exploitation d’un TGV durant la saison hivernale.

En entrevue, M. Alghabra a affirmé qu’il est très impressionné par le réseau ferroviaire en France. « Le modèle français est un très bon exemple à suivre pour nous en ce qui me concerne. La France dispose d’un très bon réseau ferroviaire qui relie les régions et les centres urbains. Nous apprenons de la France et cela nous est très utile », a-t-il indiqué.

Il a d’ailleurs rencontré récemment à Montréal son homologue français, Clément Beaune, à l’occasion de la conférence de l’Organisation de l’aviation civile internationale. Le principal sujet à l’ordre du jour fut le dossier du train à grande fréquence.

M. Alghabra a aussi indiqué qu’il a rencontré les dirigeants d’Amtrak, aux États-Unis. Amtrak compte aussi construire une nouvelle liaison rapide entre Philadelphie et Washington.