(Québec) Hydro-Québec, la plus importante entreprise qui appartient aux Québécois, « n’est pas outillée adéquatement pour faire face au défi grandissant du vieillissement de ses actifs ». Conséquence : la fiabilité de son service de distribution d’électricité présente une « baisse marquée », constate la vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc.

Mme Leclerc a déposé mercredi au Salon bleu le tome de décembre du rapport de la vérificatrice générale du Québec pour l’année 2022-2023. On y apprend que les pannes dues aux équipements défaillants ont touché en 2021 près de 2 millions de clients. Depuis 2012, en excluant les évènements météorologiques majeurs, « la durée moyenne des pannes par client alimenté a augmenté de 63 % et le nombre de pannes est en hausse de 16 % », détaille-t-elle.

« La fiabilité du service de distribution d’électricité d’Hydro-Québec présente une baisse marquée, et son plan de réduction des pannes n’a été que partiellement mis en œuvre. […] Une part importante des efforts de maintenance préventive qu’Hydro-Québec doit réaliser n’est pas accomplie », poursuit Mme Leclerc, précisant que « les travaux d’amélioration […] envisagés en 2020 ne sont pas entamés ».

Pour réduire les pannes de son réseau de distribution, Hydro-Québec a prévu un plan en 2020 dont le coût de mise en œuvre était estimé à 800 millions de dollars.

Guylaine Leclerc dénonce toutefois que ce plan ne tient pas compte d’aspects importants et que les résultats atteints en 2021 étaient « bien en deçà des attentes ».

« Il n’y a notamment qu’environ le quart des ordres de travail prévus pour la période qui a été réalisé. [De plus], Hydro-Québec a également dû réviser son estimation du coût de ce plan, laquelle atteint maintenant 1,14 milliard de dollars, et son échéancier pourrait se prolonger d’une dizaine d’années si le rythme de réalisation des travaux de 2021 se maintenait », dévoile la vérificatrice générale.

Un vieillissement accru

Mme Leclerc rappelle également que la société d’État devra faire face au cours des prochaines années au vieillissement de ses actifs, et que ce vieillissement « s’accentuera », au moment même où le gouvernement Legault affirme qu’il faudra construire « un demi-Hydro-Québec » de plus pour répondre aux besoins énergétiques de la province dans sa route pour une économie carboneutre d’ici 2050.

La société d’État reconnaît qu’à ce jour, le « réseau a atteint la moitié de sa durée de vie utile ».

Déjà, face au vieillissement actuel de ses actifs, Hydro-Québec « n’est pas outillée adéquatement pour faire face à ce défi », constate Mme Leclerc.

« Par ailleurs, une part importante des efforts de maintenance préventive qu’Hydro-Québec doit réaliser n’est pas accomplie, notamment en ce qui concerne son programme d’inspection des lignes aériennes. Finalement, bien que la qualité de ses données présente des lacunes, les travaux d’amélioration qu’elle a envisagés en 2020 ne sont pas entamés », ajoute la vérificatrice générale.

Deux priorités 

Hydro-Québec partage les constats de la vérificatrice générale et assure que ses recommandations sont déjà en cours de réalisation. Par voie de communiqué, la société d’État affirme avoir deux priorités qui sont « cruciales » pour réduire les pannes : poursuivre la maintenance préventive des poteaux et les activités de maîtrise de la végétation, responsable de 40 à 70 % des ruptures de service.

« Il est également important de tenir compte du fait que deux obligations clés accaparent nos équipes et limitent les ressources disponibles pour la maintenance préventive, [soit] l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des évènements météorologiques liés aux changements climatiques – pensons notamment au dérécho de mai 2022 – [et] la hausse de 36 % depuis deux ans des demandes de raccordement, auxquelles nous sommes tenus de répondre », poursuit Hydro-Québec.

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, est d’avis que des mesures sont déjà prises pour régler la situation décrite par Mme Leclerc.