Après un été marqué par le chaos dans les aéroports, mieux vaut éviter de jouer les retardataires si l’on prévoit s’envoler vers l’étranger pendant les Fêtes. La prudence est de mise alors que les aéroports s’attendent à renouer avec un niveau d’achalandage prépandémique dans les prochaines semaines.

Débarquer à l’aéroport au moins trois heures à l’avance, peu importe sa destination ? Cela peut paraître exagéré, mais la suggestion n’est pas farfelue, estime Robert Kokonis, président de la société de conseil AirTrav.

« Il y a encore beaucoup de personnes qui n’ont pas voyagé depuis le début de la pandémie, alors cela peut ralentir le processus, explique l’expert. Arrivez d’avance, franchissez les points de contrôle de la sécurité, installez-vous pour relaxer. Ce n’est pas une mauvaise idée. »

Aéroports, agences de voyages, agences gouvernementales et compagnies aériennes abondent dans son sens, mieux vaut arriver trop tôt qu’en retard. Tous les acteurs de l’industrie ont mis la main à la pâte pour minimiser les risques de files qui paraissent interminables, de vols de correspondance ratés et de gestion déficiente des bagages.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

La reprise a secoué les aéroports à travers le monde, où les annulations et les retards se sont multipliés. Les bagages égarés se sont accumulés. Montréal-Trudeau n’a pas échappé au phénomène.

Toutefois, une augmentation de l’achalandage combinée à une « pénurie de main-d’œuvre qui ne s’est pas résorbée au cours des derniers mois » risque d’allonger les temps d’attente pendant les périodes de pointe, reconnaît Aéroports de Montréal (ADM). En contrepartie, les assouplissements sanitaires devraient faciliter la tâche aux voyageurs.

À Montréal-Trudeau, le volume de passagers pour le dernier mois de l’année devrait osciller aux alentours de 1,5 million de personnes, un niveau comparable à celui de 2019, avant l’apparition de la COVID-19.

« La plupart du personnel est de retour et les employés sont mieux formés, estime M. Kokonis. Il y a quelques journées achalandées pendant les Fêtes, mais ce n’est pas comme la saison estivale. Le portrait est moins sombre. »

Redressement automnal

Après un été difficile, la situation s’est résorbée à Montréal-Trudeau et à Toronto (Pearson). Pendant les mois de septembre, octobre et novembre, les taux d’annulation de vols ont été de 1,7 % et de 1,8 %, respectivement, selon les données compilées par FlightAware.

« Cet été, la machine était rouillée après deux années de pandémie, affirme Moscou Côté, président de l’Association des agents de voyages du Québec. C’est mieux rodé. Personne ne m’a signalé de problèmes majeurs depuis deux mois. Il y a toujours des valises perdues, mais ce n’est plus comme l’été. »

Initiatives à Montréal-Trudeau pour améliorer la fluidité

  • Application Mobile Pass Control pour les vols vers les États-Unis.
  • Programme Déclaration faite à l’avance pour les douanes au retour.
  • Yul Express, une plateforme de réservation pour un horaire de passage aux points de contrôle.
  • Point de contrôle de sécurité ouvert plus tôt (3 h 15) vers les États-Unis le matin.

Source : Aéroports de Montréal

En dépit du redressement constaté à Montréal-Trudeau et à Pearson au chapitre des annulations, il y a une ombre au tableau.

Les moyennes sont supérieures à ce qui est considéré comme le taux problématique (1 %) aux États-Unis par FlightAware. Selon la firme, il s’agit du niveau où les passagers qui ratent leur vol commencent à entraver la fluidité dans les aéroports. Le président d’AirTrav estime cependant que la performance automnale des deux grands aéroports canadiens est « raisonnable ».

Cette question s’était invitée au Sommet sur la reprise du secteur aérien organisée par Ottawa le 24 novembre dernier. En entrevue avec La Presse Canadienne, le ministre fédéral des Transports, Omar Alghabra, avait souligné que les effectifs étaient « pour la plupart revenus au niveau observé en 2019 », mais que les « problèmes liés aux retards de formation » persistaient.

« Il faut un certain temps pour former un employé dans l’industrie », avait-il concédé.

Un avant-goût ?

Aux États-Unis, la fin de semaine de l’Action de grâce – la période de l’année la plus achalandée dans les aéroports – rappelle ce qui peut se produire quand le volume de passagers augmente. Plus de 4200 vols avaient été retardés à la fin de novembre au sud de la frontière et plusieurs centaines avaient été annulés.

Le contexte sera différent pendant les Fêtes. Puisqu’il y a un certain équilibre entre les vols transatlantiques et ceux vers les destinations soleil, les périodes de pointe sont « mieux réparties », souligne ADM.

Montrée du doigt l’été dernier, l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA), qui effectue les vérifications auprès des voyageurs avant leur départ, affirme disposer d’un effectif suffisant à Montréal-Trudeau. Invitée par La Presse à préciser la taille de son effectif, l’agence fédérale n’avait pas répondu, mardi.

En juin dernier, l’ACSTA affirmait être à la recherche d’au moins 170 agents supplémentaires. Il n’a pas été possible de savoir si cet objectif avait été atteint.

Au-delà des Fêtes

Signe que les compagnies aériennes continuent à se relever de la pandémie, elles ont déjà les yeux tournés vers la prochaine saison estivale. Air Canada prévoit 600 vols quotidiens vers 51 destinations au pays. Le plus important transporteur au pays prévoit rétablir des liaisons et augmenter la fréquence de certains vols (Montréal/Edmonton, Montréal/Vancouver et Québec/Vancouver). Le mois dernier, Air Transat avait présenté un plan estival de 275 vols hebdomadaires vers une quarantaine de destinations en Europe, aux États-Unis ainsi que vers le Sud.

Julien Arsenault, La Presse

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  • 34 %
    De septembre à décembre, plus d’un vol sur trois accusait du retard à Montréal-Trudeau.
    source : flightaware
    35 %
    Taux des vols qui ont accusé un retard à l’aéroport Pearson de Toronto pendant les trois derniers mois
    source : flightaware