Parce qu’elle est submergée de projets et que l’électricité se fait plus rare, Hydro-Québec ne veut plus être obligée d’accepter les demandes de branchement inférieures à 50 mégawatts.

La société d’État a demandé au gouvernement du Québec de se donner les outils nécessaires pour choisir les meilleurs projets commerciaux et industriels de 50 mégawatts et moins, comme c’est déjà le cas pour les demandes de branchement supérieures à ce seuil de 50 mégawatts.

Un comité composé de représentants du gouvernement et d’Hydro-Québec a été formé en janvier dernier pour examiner les projets industriels de 50 mégawatts et plus, et choisir ceux qui sont les plus porteurs pour l’économie québécoise. Il est temps de faire la même chose avec les projets de 50 mégawatts et moins, selon Hydro-Québec.

« La situation énergétique du Québec est en transformation, nous passons actuellement d’une ère de surplus à une période où l’augmentation de la demande rendra nécessaires de nouveaux approvisionnements en électricité, explique son porte-parole Maxence Huard-Lefebvre. Ces nouveaux approvisionnements coûteraient beaucoup plus cher à Hydro-Québec que le tarif d’électricité qui sera payé par ces clients, ce qui ferait augmenter les tarifs de l’ensemble de la clientèle. »

La demande pour l’électricité renouvelable à bon prix du réseau d’Hydro-Québec est en forte hausse et les demandes de branchement au réseau s’accumulent. Il y a actuellement pour plus de 20 000 mégawatts de projets industriels de 50 mégawatts et plus en attente d’approbation.

3000 mégawatts

Les projets industriels de moins de 50 mégawatts, qui doivent normalement être acceptés sans condition par Hydro-Québec, totalisent 3000 mégawatts. Il s’agit pour le quart d’entre eux de centres de données qui veulent obtenir de l’électricité au tarif industriel (tarif L).

Certaines de ces demandes d’approvisionnement qui dépassaient le seuil de 50 mégawatts ont été révisées à la baisse, à 49 mégawatts, pour être soumises de nouveau à Hydro-Québec, qui n’a pas d’autre choix actuellement que de les raccorder à son réseau. La société d’État a l’obligation de desservir toute demande d’approvisionnement de moins de 50 mégawatts.

Même si ces projets sont plus modestes que ceux qui doivent recevoir l’aval du gouvernement, il y en a tellement que les accepter tous sans faire de sélection est problématique, selon la société d’État.

Il n’est pas réaliste de raccorder tous ces projets. Il y aurait là une très belle opportunité de faire des choix, mais le cadre actuel l’empêche.

Maxence Huard-Lefebvre, porte-parole d’Hydro-Québec

Avec 5 mégawatts, un centre de données consomme autant d’électricité que 1800 résidences, et un bloc de 50 mégawatts est suffisant pour alimenter 18 000 foyers. Au total, les 3000 mégawatts de demande de raccordement de moins de 50 mégawatts équivalent à la production de la centrale La Grande-4, la deuxième en importance du réseau hydroélectrique québécois. Hydro-Québec estime que le Québec devrait avoir le plein contrôle sur l’approvisionnement en électricité des projets industriels, peu importe leur taille. Elle demande au gouvernement d’intervenir et de choisir lui-même le moyen de faire cette sélection.

« Le “comment” est une prérogative du gouvernement et ce dernier pourrait très bien exercer ce pouvoir », précise son porte-parole.

« La demande faite par Hydro-Québec est cohérente avec les objectifs du gouvernement, affirme Mathieu Saint-Amand, porte-parole du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon. Il est primordial de bien sélectionner les projets les plus stratégiques pour notre économie et les plus porteurs pour la décarbonation du Québec. »

En savoir plus
  • 20 000
    Demande totale en mégawatts de projets industriels en attente de 50 mégawatts et plus
    3000
    Demande totale en mégawatts de projets industriels en attente de moins de 50 mégawatts
    source : Hydro-Québec