Les problèmes de liquidités du Groupe Sélection remontent à au moins deux ans et demi, a-t-on appris mardi durant les audiences au tribunal.

Le Groupe Sélection et ses prêteurs se sont présentés en cour mardi pour déterminer qui contrôlera l’entreprise pendant qu’elle bénéficie de la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).

Cette information est ressortie pendant le contre-interrogatoire de Yanick Blanchard, chef de la restructuration proposé par Sélection, mené par l’avocat représentant Investissement Québec (IQ), bras investisseur du gouvernement québécois.

« Êtes-vous au courant qu’en avril 2020, le Groupe Sélection avait déjà des problèmes de liquidités importants », a demandé MBernard Boucher à M. Blanchard.

À cette date, le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement s’élevait à 22 millions, alors que les prévisions étaient de 70 millions, a-t-il indiqué au témoin.

L’avocat a ensuite mentionné que le prêt de 260 millions du syndicat bancaire avait servi, notamment, à rembourser un prêt temporaire de 50 millions que la Banque Nationale avait accordé à Sélection en mai 2020. Ce prêt de 50 millions venait avec une garantie de prêt de 35 millions d’IQ.

Consenti en mai 2021, le prêt de 260 millions dont le syndicat bancaire a demandé récemment le remboursement est l’élément qui a déclenché le recours à la LACC par Sélection.

Le Groupe Sélection en chiffres

48 RPA au Québec
7 tours de logements locatifs traditionnels en activité ou en construction
15 projets en développement 3000 employés
14 000 unités d’habitation
1989 année de fondation

En contrepartie du prêt temporaire de 50 millions de mai 2020, a poursuivi MBoucher, Sélection s’était engagée à disposer de certains immeubles dont les fruits de la vente devaient servir au remboursement rapide du prêt temporaire. Finalement, c’est plutôt le prêt de 260 millions qui a servi à rembourser le prêt temporaire.

Yanick Blanchard n’a pas contredit l’avocat d’IQ, disant ne pas s’en souvenir ou ne pas connaître la réponse puisque les évènements sont survenus avant son embauche par le Groupe Sélection.

M. Blanchard a signé une déclaration sous serment selon laquelle les éléments de la requête de Sélection sont véridiques au meilleur de sa connaissance. La requête allègue que les problèmes de liquidités du propriétaire-gestionnaire de résidences pour personnes âgées (RPA) sont temporaires, étant causés par l’impact de la pandémie de COVID-19 sur ses affaires, l’inflation et la hausse des taux d’intérêt.

Transferts de fonds aux sociétés de Réal Bouclin

Durant son témoignage, Yanick Blanchard a expliqué par ailleurs que les transferts de fonds pouvant atteindre 1,5 million par mois vers deux entreprises personnelles de la famille Bouclin ne financent pas le style de vie de Réal Bouclin. Ils servent plutôt à payer une quinzaine d’employés, des sous-traitants et des fournisseurs qui font du travail de marketing, d’informatique et d’architecture pour le Groupe Sélection. « Cette question a finalement été réglée à la satisfaction des banques », a dit M. Blanchard, qui dit leur avoir présenté des preuves.

Les RPA de Sélection fonctionnent à perte

Premier témoin entendu, Éric Vincent, premier vice-président et chef de l’exploitation du Groupe Sélection, a été incapable de répondre à l’avocat du syndicat bancaire, MLuc Morin, qui lui suggérait que l’ensemble des RPA du Réseau Sélection perdait actuellement 2 millions par mois et que 28 résidences étaient actuellement non profitables.

Les informations financières relatives au Groupe Sélection sont considérées comme étant confidentielles et demeurent inaccessibles au public.

Le juge a à cœur le sort des personnes âgées

Un des leaders de l’hébergement pour aînés au Québec, Sélection loge 15 000 personnes dans ses propriétés. Le sort du gestionnaire de RPA suscite l’intérêt du public pour cette raison.

Les deux témoins de Sélection ont insisté pour dire que leur proposition représentait la meilleure solution pour le bien-être des occupants âgés des résidences. Selon eux, la liquidation des actifs proposée par PricewaterhouseCoopers (PwC) provoquerait beaucoup d’incertitude chez les résidants.

Pour l’aider à se sortir de ses problèmes de liquidités, Sélection prévoit néanmoins, elle aussi, la vente d’immeubles, sans qu’on sache lesquels à ce moment-ci.

En milieu d’après-midi, le juge Michel A. Pinsonneault a rappelé aux parties l’extrême importance qu’il porte à la continuité des services aux quelque 15 000 résidants. « Essayons de trouver une solution pratique dans le respect des résidants qui sont dans ces RPA », a-t-il souhaité aux parties impliquées avant d’ajourner l’audience.

La cause se poursuivra ce mercredi avec le témoignage attendu de Christian Bourque, de PwC, le contrôleur proposé par le syndicat bancaire.