Le premier ministre François Legault est convaincu qu’il faut construire d’autres barrages pour satisfaire le besoin d’électricité des Québécois, ce qui pousse Hydro-Québec à ressortir ses vieux projets des cartons et à les examiner sous un nouveau jour pour identifier le projet hydroélectrique de la prochaine décennie.

Il n’était plus beaucoup question de construction de nouveaux ouvrages dans les récents plans stratégiques d’Hydro-Québec. On comprend pourquoi : depuis au moins dix ans, l’offre d’électricité dépassait de beaucoup les besoins du Québec et des marchés d’exportation accessibles.

C’est en train de changer, et dans son dernier plan d’action, publié en mars dernier, la présidente-directrice générale de la société d’État, Sophie Brochu, a rouvert la porte, quoique timidement, à la construction de nouvelles centrales hydroélectriques pour la première fois depuis le lancement du projet La Romaine en 2009.

« Selon l’évolution de la demande, nous pourrions donc avoir besoin de nouvelles capacités de production hydroélectrique à l’avenir », peut-on lire dans le document.

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Malgré cette ouverture, il est assez clair que la direction d’Hydro-Québec privilégie d’autres options. L’ajout de turbines dans les installations existantes, le recours accru à l’éolien et l’amélioration des programmes d’économies d’énergie sont des avenues qui doivent être empruntées avant toute chose, selon Hydro.

Pas un magasin à 1 $

Encore cette semaine, Sophie Brochu a cru bon de mettre des bémols sur les nouveaux barrages que François Legault souhaite voir lever de terre le plus tôt possible. « À court et à moyen terme, on ne déclenchera pas de nouvelles constructions », a-t-elle dit en entrevue au Téléjournal de Radio-Canada.

Il faut surtout éviter, selon elle, d’augmenter rapidement la production pour accueillir des clients industriels qui veulent payer l’électricité le moins cher possible. « On ne deviendra pas le magasin à 1 dollar de l’électricité dans le monde », a-t-elle illustré.

Mais si, pressée par le gouvernement, Hydro-Québec devait lancer la construction d’une nouvelle centrale, elle puiserait dans une courte liste de projets déjà envisagés et relégués aux oubliettes.

Il y en a cinq, qui ont été examinés pour la dernière fois en 2002, il y a 20 ans. Ils sont tous situés dans le nord du Québec, à des distances considérables des centres de consommation. Si ces projets totalisant l’ajout de près de 8000 mégawatts au réseau d’Hydro-Québec ont été écartés, c’est qu’ils étaient jugés coûteux et difficiles à réaliser en raison de contraintes sociales et environnementales.

Ces contraintes avaient d’ailleurs poussé Hydro-Québec vers la filière du gaz naturel. Une entente avait été conclue avec TransCanada Energy, qui a construit à Bécancour une centrale au gaz qui n’a jamais servi à alimenter le Québec et dont les coûts ont quand même été assumés par Hydro-Québec.

La société d’État a voulu construire elle-même une centrale au gaz de 800 mégawatts en Montérégie, un projet connu sous le nom du Suroît qui a été abandonné en raison de l’opposition généralisée de la population. L’intention d’Hydro-Québec de rénover la centrale nucléaire de Gentilly-2 pour en prolonger la vie d’au moins 25 ans a aussi été abandonnée en raison du manque d’acceptabilité sociale.

Après plusieurs années de surplus et l’ajout de 4000 mégawatts d’énergie intermittente de source éolienne, le temps semble donc venu pour Hydro-Québec d’augmenter sa capacité de production. En raison de la transition énergétique, la société d’État estime que la capacité de production devrait augmenter de 50 % d’ici 2050.

Les Québécois doivent s’attendre à voir augmenter leur facture d’électricité, a déjà prévenu Sophie Brochu. Les nouveaux barrages, par exemple, coûteront de trois à quatre fois plus que les ouvrages historiques, a-t-elle précisé cette semaine.

Le dernier gros projet hydroélectrique d’Hydro-Québec, le complexe La Romaine, qui est encore en chantier, a coûté 8,5 milliards.