(Ottawa) Le nombre de postes vacants a atteint un peu plus d’un million au début du mois d’avril, en hausse de plus de 40 % par rapport au même moment un an plus tôt, a indiqué vendredi Statistique Canada, alors que le resserrement du marché du travail fait grimper les salaires et alimente les craintes d’inflation.

Selon l’agence fédérale, les employeurs canadiens cherchaient activement à pourvoir 1001 100 postes vacants, une hausse de 23 300 postes par rapport à mars et de 308 000 par rapport à avril 2021.

Le taux de postes vacants, qui mesure le nombre de postes vacants en proportion de tous les postes, était de 5,8 % en avril, contre 4,4 % au même mois l’an dernier.

Le changement intervient alors que les chiffres de l’emploi augmentent à travers le pays.

« En avril, pour la première fois, l’emploi salarié dans toutes les provinces était revenu au niveau observé en février 2020, avant la pandémie de COVID-19, ou avait dépassé ce niveau », a indiqué Statistique Canada dans son rapport.

La Banque du Canada a évoqué le niveau élevé des postes vacants, estimant qu’il démontrait le besoin évident de freiner l’économie alors qu’elle tente de lutter contre l’inflation.

« Le marché du travail est l’un des signes les plus clairs au Canada en ce moment que nous sommes en demande excédentaire », a affirmé la première sous-gouverneure de la banque centrale, Carolyn Rogers, lors d’une conférence plus tôt cette semaine.

« Nous avons un million de postes vacants. Si vous parlez aux entreprises en ce moment, elles vous diront qu’elles ont vraiment du mal à pourvoir ces postes. »

Le resserrement du marché du travail contribue également à faire grimper les salaires, ce qui peut alimenter l’inflation.

Les données dévoilées vendredi par Statistique Canada ont montré que la rémunération hebdomadaire moyenne avait augmenté de 4 % en avril par rapport à il y a un an. Les travailleurs n’en profitaient cependant pas tant, puisque l’inflation s’est établie à 6,8 % au cours de la même période.

Certains secteurs ont cependant connu des augmentations de salaire plus élevées. La rémunération dans le secteur du commerce de détail a augmenté de 11,7 %, celle de celui des services professionnels, scientifiques et techniques a pris 9,7 % et celle du groupe de la fabrication a avancé de 8,2 %. Le secteur des arts, du divertissement et des loisirs a été le seul à avoir vu ses salaires diminuer, de 4,5 %.

Dans un rapport publié vendredi, le chef de la direction de la Banque de Montréal, Douglas Porter, a indiqué que l’une des raisons pour lesquelles l’inflation sous-jacente augmentait était que les pressions sur les coûts se propageaient dans un marché du travail tendu.

Il a noté que les chiffres des salaires de vendredi montraient que sur une mesure à pondération fixe, la hausse annuelle des salaires avait été de 6,2 % en avril, ce qui était bien au-dessus des autres indicateurs salariaux cette année, et supérieur d’environ un point de pourcentage au sommet précédent observé dans les données des 30 dernières années.

« Après une longue période de calme surprenant pour les salaires au Canada, l’enquête sur la masse salariale vient de tirer un coup dans l’inflation », a-t-il écrit.

Le nombre de postes vacants a atteint un niveau record dans plusieurs secteurs, dont celui de la construction, qui a vu le nombre de postes vacants atteindre 89 900 en avril, en hausse de 12 000 par rapport à mars et de 27 200 par rapport à avril 2021.

Le nombre de postes vacants a également atteint un niveau record pour les secteurs des services professionnels, scientifiques et techniques ; du transport et de l’entreposage ; de la finance et des assurances ; des arts, des spectacles et des loisirs ; et des services immobiliers et des services de location et de location à bail.

Le secteur des soins de santé et de l’assistance sociale a vu le nombre de postes vacants chuter à 125 200 en avril, par rapport à un sommet de 147 500 en mars, mais ces postes non comblés montraient tout de même une hausse de 21,3 % par rapport à l’année précédente.