Arrivée d’Ukraine avec sa famille à la fin de mars, Iryna Maievska a commencé à travailler à la fin de mai pour un fabricant de meubles de la région de Québec. Les défis à relever depuis trois mois pour faciliter l’intégration sont nombreux.

« Ils sont arrivés avec un sac à dos et à peine une brosse à dents. »

Claudia Laflamme raconte en ces mots l’arrivée au Québec à la fin de mars d’Iryna Maievska, débarquée directement d’Ukraine avec sa famille.

Claudia Laflamme est directrice de la Fondation Meubles South Shore, un organisme associé au fabricant de meubles éponyme de la région de Québec.

« En mars, on a tous été stupéfaits de constater les horreurs qui se passaient en Ukraine. Lorsque la guerre a éclaté, on a commencé par solliciter des promoteurs immobiliers pour voir ce qu’ils pouvaient faire. Plusieurs ont répondu à l’appel avec des offres très intéressantes. Six mois gratuits, six mois à 50 %, frais de l’internet couverts, etc. », dit Claudia Laflamme.

Un appartement et un accompagnement pour des Ukrainiens ont ainsi pu être offerts. La première famille à bénéficier de l’aide de la Fondation Meubles South Shore est celle d’Iryna Maievska.

L’organisme s’est engagé à couvrir les frais d’appartement pour les premiers mois afin de donner une chance à la famille de s’établir, étant donné qu’il s’agit de gens qui ont presque tout perdu.

On a fait le tour des commerces locaux pour solliciter la générosité sous forme de cartes cadeaux et de matériel.

Claudia Laflamme

La population a répondu à l’appel. « C’était magique. Vraiment beau à voir », ajoute-t-elle.

« Jean Coutu nous a offert des produits de pharmacie de base (dentifrice, brosses à dents, shampooing, etc.), IGA nous a donné des cartes cadeaux à remettre aux familles, les magasins Simons ont donné des cartes cadeaux pour que les gens puissent aller faire un magasinage de base. Tanguay offre des électroménagers. Des boucheries, restaurants et autres commerces locaux situés autour des appartements ont remis des cartes cadeaux. »

Au boulot

Iryna Maievska est arrivée à Québec à la fin de mars avec son mari, ses parents et ses deux fils, de 9 et 12 ans. « Ma fille de 16 ans vient tout juste de nous rejoindre à Québec parce qu’elle n’était pas avec nous en Ukraine. Elle étudiait aux États-Unis dans le cadre d’un programme d’échange », lance Iryna Maievska.

La femme de 39 ans précise que son mari a pu quitter l’Ukraine parce qu’ils ont trois enfants de moins de 18 ans.

La famille habitait à Kyiv. En Ukraine, Iryna Maievska raconte qu’elle était directrice d’une entreprise de vente en gros dont les installations ont été rasées par des bombardements.

Photo fournie par meubles south Shore

La famille d’Iryna Maievska bénéficie de la générosité des gens de Québec, qui ont notamment fait don de différents objets utiles au bon déroulement de la vie quotidienne.

Iryna Maievska a commencé à travailler chez Meubles South Shore à la fin de mai, soit deux mois après son arrivée ici. On lui a confié un poste administratif au sein de l’entreprise de la Rive-Sud de Québec.

« Je travaille en conformité. Ça se passe bien. Ce n’est pas le même travail que je faisais en Ukraine, mais c’est néanmoins comparable sur plusieurs points. Je connais bien ce domaine », dit Iryna Maievska.

Son mari est entrepreneur. Il avait une entreprise notamment spécialisée dans les éviers de cuisine.

« Mon mari suit des cours de français avec mes parents tous les jours ici pour apprendre la langue. Il espère trouver un emploi bientôt alors que mon père est dentiste et souhaite trouver un travail comme assistant-dentiste. Ma mère entend faire du bénévolat dans une organisation communautaire », indique Iryna Maievska.

« On s’est ajustés et tout va bien aujourd’hui », poursuit celle qui a trouvé un logement (quatre et demie) dans le secteur de Neufchâtel-Lebourgneuf. « C’est un très beau quartier », dit-elle.

« On pense retourner en Ukraine éventuellement, mais nous allons attendre que la situation soit sécuritaire. Mes enfants et ma mère aimeraient beaucoup y retourner. »

Une douzaine de familles

Claudia Laflamme soutient que la fondation a maintenant pu aider une douzaine de familles ukrainiennes à venir ici.

« Dans le groupe, il y a deux femmes enceintes. Les hommes ne peuvent de façon générale pas quitter le pays. Les femmes arrivent donc seules. Dans leur cas, on ne peut pas s’attendre à ce qu’elles soient en mesure de payer un logement d’ici six mois puisqu’elles vont accoucher. On a convenu de payer leur loyer pour un an. »

La fondation a décidé de créer un document commun sur l’internet où les Ukrainiens sont invités à déposer leur CV. « On fait circuler le fichier dans le réseau d’entreprises partenaires qui nous appuient dans le projet. On est dans une crise de main-d’œuvre au Québec, alors ça peut faciliter la recherche d’un emploi », dit Claudia Laflamme.

« Les Ukrainiens veulent travailler, mais la barrière de la langue complique les choses. »

Photo fournie par meubles south Shore

Zakhar et Borys ont déjà commencé à aller à l’école à Québec.

Claudia Laflamme souligne qu’aussitôt qu’elle a rencontré la première famille, le projet a pris tout son sens. « On côtoie des humains souhaitant recommencer leur vie à zéro. Ce n’est pas qu’on est insensible aux autres réfugiés qui arrivent d’ailleurs dans le monde, c’est juste qu’au moment où la guerre a commencé en Ukraine, on avait les moyens et les ressources pour répondre à l’appel. Si on avait eu ces moyens-là pour la crise en Syrie ou pour n’importe quelle autre crise, on aurait fait la même chose. C’est vraiment une question de timing. »

Beaucoup de demandes

Claudia Laflamme soutient qu’il a fallu mobiliser beaucoup de bénévoles pour notamment ramasser du matériel. Elle se dit déchirée par moments, car le volume de demandes ne correspond pas à ce que la fondation peut offrir.

« On aimerait répondre au plus grand nombre de familles possible, mais on soutient financièrement plusieurs organismes communautaires et services de première ligne. Et là, on augmente le volume de demandes en ajoutant des familles de réfugiés qui font appel à leurs services. On sollicite donc la générosité des gens. »

Claudia Laflamme dit avoir une liste d’attente d’une trentaine de familles ukrainiennes souhaitant venir au Québec.

« Pour l’instant, il n’y a pas d’appartements disponibles. On est dans un contexte de pénurie de logements. Tous les problèmes auxquels les Québécois font face, les nouveaux arrivants y font face aussi. Et 90 % des arrivants sont des femmes et des enfants. Vous connaissez les problématiques avec les garderies et les services d’aide pour les femmes avec de jeunes enfants. On fait face aux mêmes problèmes que le reste de la population québécoise. »